Mauves en Noir, souvenirs

mercredi 28 avril 2010

Bienvenue dans la nouvelle salle du Vallon à Mauves sur Loire, décorée par la jeune équipe d'Unis-Cité. Un endroit particulièrement agréable où les murs spécialement étudiés annihilent le brouhaha fatiguant qui hante habituellement les salons polardeux.



Les auteurs signent... ici Patrick Mosconi en Tshirt rouge toque décoiffée, et Hafed Benotman.


Certains se prêtent à la photo (Sergueï Dounovetz, sifflet coupé) :


Deux hommes béats écoutent Ingrid Astier, on murmure que l'un d'eux est le célèbre Patrick de chez Pol'ArtNoir ; l'autre le propriétaire de deux énormes chiens restés à la maison.


Sur la terrasse, Emeric entretient Marin Ledun au sujet de son dernier roman, La guerre des vanités.


Deux voisins de tablée, Hervé Sard (lire son compte-rendu sur son blog) et Renaud Marhic :


Pause déjeuner...


Pause discussion entre Marc Villard et l'homme au sac vert, Frank Lhomeau, alias monsieur Joseph K.


On papote aussi beaucoup à l'extérieur





Entre deux consultations littéraires médicales le docteur Emeric Cloche abandonne son collègue Geof le temps d'une instructive conférence avec Renaud Marhic, écrivain et directeur de la collection Polars et Grimoires aux éditions du Barbu.



Et c'est déjà l'heure du départ...


Salut Morgane, Salut Président !


Pendant ce temps, certains sont préposés au rangement, salut Nathalie ! Bravo à tous les organisateurs.


Sans oublier ces autres bons moments, l'absolue gentillesse de Gildas Girodeau sur le cas duquel il va falloir que l'on se penche, la conférence de monsieur le juge André Fortin, le calme de Stéphane Michaka, les drôles d'O'Librius qui déambulaient avec un air louche dans leurs impers, le plaisir de deux journées ensoleillées, le bon goût des bières du Bouffay et les nombreux abonnés qui ont rejoint L'Indic. Vivement 2011 et les dix ans du festival !

Pascal Dessaint, interview apéro

mardi 27 avril 2010

Pascal Dessaint, Emeric Cloche (Fondu Au Noir) et Gwenaël Dupont (O'Librius)

C'était vendredi 23 avril chez O'Librius, pour le lancement de Mauves en Noir. Au départ ils étaient 7 auteurs invités et finalement il y en avait 9 puisque Françoise Laurent et Romain Slocombe ont fait une visite surprise. Le public Nantais a réchauffé l'atmosphère du bar et entre quelques verres les auteurs sont montés sur le tabouret d'interrogatoire, encadrés par Gwenaël et Emeric. On commence avec un Toulousain.

Emeric : Nom, Prénom !

Pascal : Dessaint, Pascal

Emeric : Alors comme ça, tu écris des chansons aussi ?

Pascal : Je crains le pire... Des chansons ?

Emeric : C’est quoi cette histoire avec Jehan ?

Pascal : Aaaaaaah, c’est une belle histoire.

Emeric : Tu m’étonnes !

Pascal : Tu connais ?

Emeric : Carrément.

Pascal : Ben écoute c’est un homme que j’ai connu à Toulouse y’a une dizaine d’années. C’est assez rigolo parce que je publiais un recueil de textes, de nouvelles et de poésies à la Loupiote en 96. Dans ce recueil il y avait deux textes, un texte qui s’appelle Le riff des morts et Ce qui nous pend au nez. Et j’étais dans le train entre Paris et Toulouse, et je remonte une travée et je vois quelqu’un qui lit ce bouquin qui s’appelait Ça y est, j’ai craqué, et c’était Jehan, qui était là. Je le connaissais en tant qu’homme public de Toulouse, créateur, chanteur, et je me penche très discrètement et... « Ça vous plaît ? », « Ah ouais ouais, y’a un texte j’en ferais bien une chanson. » Ben je dis : « c’est moi qui l’ai écrit, on va au bar ». Et Jehan il a une phrase récurrente, il dit « c’est au bar qu’on se marre ». Donc on a fini le voyage... et c’était exactement en 98 cette affaire-là. La vie est étrangement faite, c’est qu’on pratiquait Toulouse depuis très longtemps, on s’était jamais croisés, et le lendemain, qui je vois sur un trottoir de Toulouse ? Jehan. Et donc là on va au bar... (rires). Hein. Et là il me dit « Pascal écoute c’est pas possible ce texte il faut qu’on en fasse une chanson... » Et dix ans plus tard un jour il est arrivé à la maison, y’a quoi y’a deux ans et demi, il me dit « je viens te voir j’ai quelque chose pour toi » et il est arrivé à la maison avec sa guitare, et il a chanté Ce qui nous pend au nez, qui est sur son nouvel album, et qui est une chanson magnifique... une interprétation magnifique ! Voilà. Le texte il est...

Emeric : Il est bien !
Gwenaël : Donc là c’est trop tard on peut pas te demander de la chanter.
Pascal : Ah ouais ouais... Non l’amitié avec Jehan, c’est pas une amitié... Mon ami Claude Mesplède me rappelle un fait qui n’est pas anodin. Un jour avec Jehan comme ça un soir on est dans un bar...
Gwenaël : C’est là qu’on se marre...
Pascal : Et puis on était pour rentrer et puis Jehan il est comme moi il est un peu excessif il sait pas s’arrêter. Alors on était place de la Bourse à Toulouse, et pour aller à la voiture – c’était pas très prudent – il me pousse comme ça et puis il m’emmène dans un endroit de Toulouse qui n’existe plus, chez Geneviève, qui était une institution, c’était le dernier endroit où on finissait la nuit à Toulouse, c’est un endroit qui a vu passer tous les grands jazzmen, et où encore il y a cinq ans, un immense escalier, on écoutait du jazz, Duke Ellington et tout, sur un disque, un tourne-disque, un "crumpeut" comme on disait à Dunkerque, et puis ça ne pouvait pas s’arrêter là encore on s’est retrouvés dans un autre endroit et…

Emeric : Pourquoi tous ces bars ?

Pascal : Parce que c’est là qu’on se marre !

Gwenaël : Et on se retrouve là dans un autre endroit et à un moment donné y’a des gens qui lui demandent de chanter, qui le reconnaissent. Alors c’était bizarre, vous savez ces heures de la nuit où on parle aux gens sans vraiment leur parler, un peu bizarre. Comme on était tous un peu, un peu chargés, il se met à chanter et donc évidemment il accroche. Les gens ils commencent à être un peu désobligeant. Et là je dis au gars « Vous lui avez demandé de changer, laissez-le chanter. » Et il commence à s’en prendre à moi. Et là Jehan s’est levé avec sa guitare, il a dit « Tu parles pas comme ça à mon copain » il lui a cassé la guitare sur…

(rires) Oh, Bravo !

Pascal : C’est Jehan.

Emeric : Jehan c’est une belle terreur.

Gwenaël : Il lui a cassé la guitare sur la tête !

Pascal : Non, la clavicule. Alors c’était au Barbu à Toulouse et Jehan il a été tricard pendant un certain temps, parce que... c’était pas sa guitare. Voilà.

Gwenaël : Dis donc...

Pascal : Ça va, je m’en suis bien sorti pour l’instant !

Emeric : Avec Jehan c’est normal.

Pascal : C’est grand, Jehan.

Emeric : Ta dernière randonnée dans les Pyrénées, c’était quand, et surtout, comment ?

Pascal : Oh la la... la dernière randonnée dans les Pyrénées c’était avec mon fils, c’était y’a un an du côté d’Arbas, un village de haute Garonne qui a un maire extraordinaire qui s’appelle François Arcangeli, sur la commune duquel on a relâché les derniers ours bruns de Slovénie, c’est un copain. C’est un endroit magnifique, et justement avec mon fils on a fait le chemin des ours. On est allés là où on a relâché les ours... Melba... C’est un endroit formidable, c’est à quoi, une heure de Toulouse. C’est très beau. C’est un endroit aussi qui est devenu un peu le lieu symbolique parce qu’il a les anti et les pros ours qui se combattent. À Arbas c’est allé vachement loin c’est à dire...

Emeric : Y’a eu les tags sur les rochers en plein milieu...

Pascal : Oui et puis la mairie d’Arbas, parce que François Arcangeli est un défenseur des ours, a été prise d’assaut par les anti ours, mais sévèrement, on a mis le feu à la statue, on a jeté de la peinture sur les façades, c’est le western quoi. C’est vachement bien. C’est polar.

Emeric : Le chapeau !

Public : Quelle est votre addiction ?

Pascal : Alors comme j’ai arrêté la cigarette depuis un moment maintenant, c’est pas ça, y’a la compagnie des femmes et puis l’alcool oui sans doute.

Gwenaël : Fffff, est-ce qu’il nous reste assez d’alcool pour ce soir ?

Public : L’addiction s’il vous plaît !

Pascal : C’est tout ?

Emeric : Ah oui.

Et bien sûr pour finir, JeHan chante Ça nous pend au nez.

Ce qui nous pend au nez
envoyé par chti31. - Regardez la dernière sélection musicale.

Mauves en Noir, c'est parti !

samedi 24 avril 2010


Un avant-goût de ce week-end très polar avec quelques auteurs de passage au café lecture O'Librius ce vendredi soir pour un apéro décontracté. Emeric les a mis sur le grill, à l'image de Joe G. Pinelli. Résultat à suivre bientôt ici-même !

Abonnement+cadeau=gros succès !

jeudi 22 avril 2010


Nous avons aimé Retour à la nuit d'Eric Maneval et nous l'avons offert à nos nouveaux abonnés, en partenariat avec la toute nouvelle maison d'édition Ecorce. Tous les exemplaires sont partis rapidement vers leurs nouveaux lecteurs, pour notre plus grand plaisir ! Merci à tous, en attendant qu'on vous réserve une autre offre surprise.

Rencontre avec Craig Johnson

mardi 13 avril 2010


Nous étions quelques happy few au café lecture O'Librius ce 7 avril pour accueillir Craig Johnson, accompagné de sa femme Judy. Ambiance décontractée autour d'une table, avec l'aide de Lauren pour la traduction et de Katia qui a fait office de guide pour les amener à bon port. Merci à elles-deux !

Nous avons appris depuis que Craig Johnson a reçu hier même le prix Bibliobs du roman noir 2010 pour Little Bird. Amplement mérité, tant pour lui que pour le travail des éditions Gallmeister.


Caroline : Comment avez-vous imaginé le personnage de Walt ? Pour le lecteur le passé de Walt est flou, on sait qu’il a fait le Vietnam, mais on connaît peu de choses de son enfance, sa famille...

Craig : Bonne question. Je pense d’abord que quand on écrit un roman, on est un peu comme un dealer dans un casino, on donne ses cartes et une des plus grosses erreurs est d’en donner trop d’un coup. Garder certaines choses pour soi, ne pas laisser les gens tout savoir des personnages. J’avais une idée très forte de qui est Walt, où il a été. Je voulais être sûr qu’il arrive de façon naturelle. Je ne voulais pas alourdir. Quand j’assemblais les personnages, je pensais aux protagonistes, une des choses qui était claire pour moi est que je ne voulais pas qu’il soit le héros standard.

Caroline : J’ai lu que vous le voyiez comme triste et sage. Ce n’est pas le « tough guy ».

Craig : Non, il est plutôt triste et sage.

Caroline : Oui vous disiez également que votre personnage préféré est le mousquetaire Athos parce qu’il a le coeur brisé.

Craig : Oui quand j’étais enfant j’ai lu Alexandre Dumas et j’adorais ce personnage. Plus tard, j’ai lu Les Misérables, Jean Valjean. Tous les personnages qui m’attiraient quand j’étais lecteur, dans ma jeunesse et plus tard, c’était vraiment les personnages abîmés, qui avaient quelque chose qui n’allaient pas.

Caroline : Dans Le camp des morts Walt a un chien, sa maison est toujours en chantier, ça ressemble à votre emménagement dans le Wyoming non ?

Craig : Oui, jusqu’à ce que ma femme arrange le reste de la maison. Ça allait pour un célibataire, de vivre comme ça. Dès que vous introduisez une femme dans votre vie, vous devez nettoyer certaines choses et ça va mieux. D’une certaine manière, le fait que Walt ait un chien à qui il n’a même pas la force de donner un nom, qu’il vive dans une maison qui n’est pas finie... il y a beaucoup de choses comme ça qui donnent des indications sur son personnage. C’est un homme qui ne finit pas les choses, il est à un stade de sa vie où il n’avance plus, il n’a même plus l’air intéressé par le travail accompli, c’est donc difficile pour lui.

Caroline : Le personnage de Vic aussi est important et intéressant. Je la trouve très éloignée des clichés habituels. C’était voulu ?

Craig : Absolument. Les romans sont tous racontés à la première personne. C’est comme si Walt vous racontait l’histoire, dans sa tête. Je savais que le roman aurait une narration masculine importante. Je savais qu’il fallait des personnages féminins très forts pour la rééquilibrer. Je pensais à tous ces différents aspects pour les personnages de femmes qui aideraient à équilibrer le livre... En gros, il y a ces lionnes autour de Walt, ces femmes qui le protègent et s’en occupent. Quand je répartissais les responsabilités, pour prendre soin de Walt et le maintenir en vie, l’une était Dorothy du Busy Bee café, elle est en charge de le faire manger, parce que sinon il mourrait de faim, il y a elle ; il y a Ruby la réceptionniste qui prend les post-it et les pose sur sa porte, elle est responsable de la structure de sa vie. Il y en a d’autres comme la fille de Walt, qui est aussi la voix désincarnée au téléphone dans le premier roman. C’est un peu difficile. Et enfin il y a Vic. Un des personnages féminins qui allait travailler de manière rapprochée avec le shérif, tous les jours.

Quand j’ai commencé à penser à ce personnage, j’ai pensé à l’opposé de ce que Walt était. Walt est un homme, elle devait être une femme, Walt est rural, elle devait être urbaine, Walt est intéressé par les conséquences sociales de l’application de la loi, connaître les gens, les environs, elle est plus intéressée par les aspects technologiques, la balistique, le médico-légal, ce genre de choses. Le personnage est vraiment à l’opposé de Walt, j’ai pensé que ça créerait des conflits dramatiques entre eux, un des principaux étant le langage qu’ils utilisent. Walt est très attentif au vocabulaire qu’il utilise, Vic ne l’est peut-être pas autant...

Caroline : Elle jure beaucoup...

Craig : Oui ! Mais je ne pense pas que ce soit si rare. Vous savez elle était officier de police dans la ville de Philadelphie. Une très grande ville dans l’est des Etats-Unis, un boulot très difficile. Elle a 4 frères policiers et un père policier. Donc, pour être remarquée, et pour bien faire son travail, elle devait être deux fois plus forte, deux fois plus maligne, et deux fois plus compétente. C’est un personnage très populaire aux Etats-Unis. Par exemple je participais à un évènement dans une bibliothèque au Wyoming, et il y avait une petite dame, je crois que c’était la femme d’un rancher, elle avait 102 ans, je devais aller signer les livres et à ce moment-là elle m’a tiré sur la manche, je me suis arrêté et elle m’a dit « il faut que je vous parle de cette adjointe dans votre livre » et j’étais là genre « ok nous y voilà... ». Je l’ai regardée et elle m’a dit « j’adoooooore Vic ! ».

J’ai une histoire drôle à propos du prochain roman, le troisième dans la série. Quand vous faites des séries, une des choses que les auteurs vous disent, c’est « laisse tes personnages loin du sexe, il faut garder ça le plus longtemps possible, pour le 16e ou 17e roman... » J’ai toujours ri de ça, « avec qui tu sors ? Tu te moques de moi ? 16 ou 17 ans ? Ça n’arrivera pas ! » Donc il est arrivé un moment dans le troisième roman où l’occasion s’est présentée d’elle-même. C’était là. Quand j’ai écrit la scène, c’était vraiment court, juste un paragraphe, une brève séquence. Et donc je suis allé à une rencontre en librairie à Washington, et il y avait une femme qui avait lu le livre et elle me dit « je dois vous parler de cette scène de sexe dans le 3e roman », elle ajoute « cette scène dure bien trop longtemps ! » Je lui ai répondu que ça ne durait qu’un paragraphe : « combien de fois l’avez-vous lu ?? » Elle m’a dit qu’elle avait lu la scène un certain nombre de fois. Il y a beaucoup de sujets délicats dans la littérature, mais je pense que les deux principaux sont la violence et le sexe. Ce sont deux actions physiques auxquelles il faut faire très attention quand on écrit. Dans la société dans laquelle on vit, nous avons la chance de ne pas vraiment connaître la violence, mais elle existe. D’un autre côté, j’imagine que tout le monde dans cette pièce a déjà fait l’amour. Donc quand on écrit là-dessus, il vaut mieux le faire correctement ! Sinon ça devient du vaudeville, très rapidement. Dans la façon dont je parle, la façon dont j’écris, cet humour est très important pour moi. Je pense que c’est une des choses qui fait que mes livres sont un peu à part dans la littérature policière. Il y a beaucoup d’humour. Je crois que toutes les personnes qui ont fait ce boulot de flic savent la seule façon de tenir la journée c’est d’avoir le sens de l’humour.

Caroline : À ce propos je vais vous lire un court passage, entre le shérif, Walt, et son ami Indien Henry Standing Bear :

« - Les pères fondateurs disaient que l’équitation favorise la digestion.
- Quels pères fondateurs ?
- Les miens. Les tiens n’avaient même pas de chevaux avant d’en voler aux Espagnols...
»

Craig : L’humour est important pour Walt et la police, mais aussi pour les Indiens. Il n’y a jamais eu un groupe d’individus autant humilié par les clichés. La télévision, les films, les romans... les Indiens ont été affreusement stéréotypés. Je crois qu’une des choses qui casse ça, c’est l’humour. Une des choses importantes pour moi, j’en parle beaucoup, c’est de créer l’empathie, de se mettre dans la peau des personnages, d’arriver à les connaître, et une des meilleures façons que je connaisse pour avoir une forme d’empathie instantanée entre les gens, c’est le rire. Il se passe quelque chose avec l’humour, pas les blagues, l’humour. Parce que l’humour vient de la condition humaine, et je pense que c’est ça le truc.

Caroline : D’où vous vient cet intérêt pour les indiens ?

Craig : Nous vivons près d’une réserve. À une vingtaine de kilomètres au sud de la réserve Cheyenne et Crow. Très peu d’entre nous vivent dans les villes. Il y a seulement 500 000 habitants dans l’état du Wyoming. Ça ne fait pas beaucoup de monde. Mais ça fait la moitié de la France. Quelle est la population de Nantes ?

Caroline : 250 000 pour la ville, mais 500 000 avec l’agglomération.

Craig : Donc le centre de Nantes fait la moitié de la population du Wyoming !
C’est important pour moi de montrer les lieux d’une façon réaliste, de présenter les différentes personnes qui vivent là. Dans le premier roman l’empathie se fait par les indiens, les Cheyennes, dans le deuxième avec les Basques. Il y a une importante population Basque le long des montagnes Big Horn, et personne ne sait rien sur eux. Il faut transmettre ça aussi. Parce que de bien des façons les livres parlent de votre culture. L’empathie dans Little Bird venait de l’amitié entre Henry et Walt, et comment cette amitié allait survivre à cette série de crimes. Et plus tard dans le deuxième roman, il s’agit du vieux shérif, Lucian, et l’amitié entre lui et Walt, qui va découvrir quelque chose qui s’est passé 50 ans avant, quel effet cela va avoir sur leur relation.

Caroline : Vous avez commencé à écrire très tard. Comment est-ce que vous avez commencé ? Parce que j’ai lu un article qui disait que vous aviez écrit pour pouvoir payer votre maison...

Craig : (rires) Non en fait la maison était déjà construite. Et je l’ai construite moi-même.

Partis sur notre lancée, nous avons oublié de retourner la cassette... miséricorde ! Craig abordait le sujet de l’écriture, le fait que c’était un des projets qu’il s’était fixé et qu’il a décidé de réaliser après avoir fini de construire sa maison, parce qu’il s’est retrouvé à devoir trouver un nouveau challenge. L’écriture est pour lui quelque chose qui se travaille et je lui ai rappelé cette phrase qu’il a citée à un journaliste américain : « je n’ai jamais rencontré un fossoyeur qui dise : je ne sens pas l’inspiration aujourd’hui, la muse des fossoyeurs n’est pas avec moi, je vais poser ma pelle »

Craig : Je crois que c’est l’auteur américain Wallace Stagner qui fait ce constat au sujet des ateliers d’écriture, qu’on ne peut pas vraiment donner à quelqu’un la capacité d’écrire, mais ce qu’on peut faire en tant qu’enseignant c’est de trouver... tout le monde a une étincelle, tout le monde a une compétence et votre travail en tant que prof dans ce cas-là c’est de trouver cette étincelle chez la personne et de l’allumer, pour qu’elle explose.

Caroline : Comment un auteur américain rencontre un éditeur français ?

Craig : C’est un processus intéressant. J’ai eu beaucoup de chance parce que j’ai rencontré Oliver Gallmeister quand il cherchait des romans traitant des grands espaces de l’Ouest américain, du « nature writing » et je crois que... c’était comme pour ma publication aux Etats-Unis, j’ai écrit le bon livre au bon moment et il est arrivé sur le bon bureau. C’était courageux de sa part, parce qu’il a lu les romans en anglais et ils étaient un peu plus sophistiqués que les westerns habituels. Il a pris le risque, il s’est dit que les lecteurs français répondraient à ces romans, grâce à cette applications, grâce aux différentes couches qu’il y a dedans. J’ai été vraiment surpris, parce que quelque part je crois que les français ont compris ces romans mieux que les américains ne l’ont fait.

Caroline : Vous visitez souvent la France, vous vous êtes mariés en Italie, vous êtes sensibles à l’Europe ?

Judy : On l’adore !
Craig : Exactement. La culture, la nourriture, le vin, les gens... S’il existe des mauvais côtés nous ne les avons pas encore trouvés. Je faisais beaucoup d’escalade, Judy venait avec moi, mais elle aime les hôtels et les restaurants maintenant, et un peu le shopping. Nous sommes allés dans les Dolomites en Italie, dans le Caucase en Russie... La première fois que j’ai posé un pied en France c’était à Chamonix, au Mont Blanc. Je venais beaucoup pour la randonnée. Je ne voyais jamais les villes, que les montagnes. C’est chouette quand je fais les tournées pour mes livres, parce que je vois les villes françaises qui sont plus intéressantes je dois l’admettre, maintenant que je suis plus vieux, et que je ne peux plus escalader... pas comme j’en avais l’habitude.

Caroline : Vous avez déjà pensé vivre ailleurs qu’aux Etats-Unis ?

Oui ! Ma femme regarde les annonces immobilières à chaque fois que nous venons ! L’hiver au Wyoming peut être rude. Il y a beaucoup de neige, il fait très froid. Moi ça me va, c’est ce que j’aime, escalader les montagnes... Je m’en fiche du froid, de la neige, mais je crois que c’est un peu long parfois pour Judy. Je vois plusieurs endroits plus chaud où nous pourrions nous réfugier pendant l’hiver. Nous nous mettons toujours au régime pendant plusieurs semaines avant de venir en France. Nous ne mangeons rien. J’ai ris avec ça parce que je parlais avec Oliver et je lui disais « ah, votre nourriture waow » et il m’a répondu « tu sais on à l’avantage d’être entre les Allemands et les Anglais alors tout ce que nous cuisinons semble vraiment bon ! »

Caroline : Ma dernière question, est-ce que vous avez envie d’écrire des romans sans Walt, d’autres histoires ?

Craig : Oh oui. J’ai d’autres projets. Je travaille dessus. Une des choses, quand vous êtes auteur, c’est de ne faut pas s’enfermer avec le genre, le style. Il faut écrire d’autres choses pour s’amuser, pour garder de la fraîcheur, de la nouveauté. Je ne veux pas être un de ces auteurs qui répète la même formule encore et encore.


La conversation s’est poursuivie avec dj duclock et ses questions, Craig et Judy prolongeant volontiers l’échange. Tout le monde en a profité pour pratiquer son anglais et cette première rencontre organisée par l'association a été un immense plaisir.

Rencontre avec Craig Johnson

vendredi 2 avril 2010


Le monsieur sur Jackalope, cette drôle de bestiole imaginaire, c'est Craig Johnson. Ancien flic, ancien prof, ancien cow-boy... il raconte les enquêtes du shérif Walt Longmire dans le petit comté d'Absaroka. Ces histoires intimistes où l'ambiance prime sur l'accumulation de rebondissements sont éditées par Oliver Gallmeister. Autant dire qu'avant de le voir filer vers les festivals Etonnants Voyageurs à Saint Malo et Quai du Polar à Lyon, il ne faut pas manquer sa venue à Nantes !

Mercredi 7 avril à partir de 18h30 au café-lecture O'Librius, 11 rue des Olivettes à Nantes

Initiation au polar pour les enfants

jeudi 1 avril 2010


Depuis janvier 2010 et une première journée d'animation pour des classes allant du CE1 au CM2 à la bibliothèque de Sévérac (44), l'association Fondu Au Noir propose aux écoles, ludothèques et bibliothèques d'initier de manière ludique les plus jeunes au roman policier.

Une brève présentation théorique est suivie d'ateliers jeux visant à immerger les enfants dans un univers qu'ils connaissent sans toujours savoir le nommer.


 
◄Design by Pocket