Les Petits Polars du Dj Duclock n°68

jeudi 28 avril 2011



On le dit souvent il faut chercher à qui profite le crime... Le mobile est un levier important du polar. Le groupe Morphine (fondé à Cambridge, Massachusetts) propose un mobile assez universel tiré de l'album Like Swimming (Rykodisc, 1997).

Murder for the money, Morphine.



Si vous venez de découvrir le groupe Morphine et que cela vous cause, précipitez-vous sur les albums en commençant par Cure for pain (Rykodisc, 1993). Et un autre Petit Polar, lourd, bluesy et poisseux vous attend chez K-Libre...

Restos d'avril

mardi 26 avril 2011

Pour la venue du premier auteur du mois d'avril, tout le monde attendait avec un chapeau sur la tête. Béret, casquette et canotier ont fait concurrence à l'immuable chapeau du Wyoming...

Cette première soirée américaine (débutée à la librairie Vent d'Ouest) avec Craig Johnson, sa femme Judy et Marie-Anne Lacoma représentant les éditions Gallmeister, a tenu toutes ses promesses. Il faut avoir rencontré l'auteur pour mesurer combien la sympathie qu'il suscite n'est pas volée. Quand il lit en VO le début de son dernier roman L'indien blanc, quand il raconte la fois où il s'est fait arrêter par un flic sur une route déserte, et celle où un papi qui ramonait la cheminée depuis son toit a fini traîné sur la route accroché à une corde derrière la voiture de sa femme... son naturel captive ses auditeurs ; on peut parler de bête de scène. Craig Johnson pourrait être un personnage de ses romans.


Cérémonie officielle pour accéder à la salle du restaurant où le menu sera servi : pavé de morue sur purée, coulis de piquillos et chorizo ; vin rouge et tarte tatin avec sa boule de glace. Craig mangera souvent froid, occupé à parler.

Chacun discute librement avec l'auteur et pose ses questions. La traduction est assurée par Marie-Anne Lacoma, Craig Johnson connaissait deux mots en français : "vin" et "rouge".



Le lendemain, bon pied bon oeil, nous récupérons Pascal Dessaint à l'aéroport de Nantes et déjà, pour une prochaine fois, nous nous promettons de ne pas oublier la balade le long du lac de Grand-Lieu, incontournable pour sa faune et sa flore. Pour cette fois, la promenade touristique se fera dans les rues de Nantes, vers la butte Sainte-Anne où les noms des rues sont revisitées par Pascal Dessaint, dont nous découvrons l'autre spécialité : il s'arrête devant chaque arbre et chaque plante pour faire un commentaire. Note pour plus tard : lire son roman Cruelles natures.

À la librairie l'Etoile Polar c'est le moment de la signature de son dernier roman, Le bal des frelons. Au Montesquieu nous retrouvons Jeanne Guyon (photo ci-dessous) des éditions Rivages, venue accompagner "son" auteur. Dans nos assiettes du poulet au miel fourré au foie gras, un magnifique chou nappé de chocolat en dessert et le tout arrosé de vin rouge en abondance. Pour finir, Pascal nous lit le premier chapitre de son roman Les derniers jours d'un homme et nous mettrons longtemps à aller nous coucher.

Mauves en Noir, 10 ans (3)

vendredi 22 avril 2011

Cette année à Mauves en Noir, on pouvait compter 37 auteurs. Beaucoup ? Trop ? Pas assez ? L'idéal est encore à définir, entre une proposition de choix pour le public, la possibilité laissée à chaque auteur de s'exprimer et d'être mis en valeur, l'aménagement de l'espace intérieur de la salle... En tout cas, tous veulent être de la fête, pour les huîtres, pour le muscadet, pour la bonne ambiance, pour le soleil toujours au rendez-vous, pour les bords de Loire...

Mauves en Noir, 2e jour !

Jean-Paul Jody, Jean-Hugues Oppel, Marin Ledun, Joseph Incarona, et de dos casaque orange Pascale Fonteneau accompagnée de la tornade rose Nathalie Torselli.

Dimanche matin, démarrage en douceur avec une conférence sur le monde du travail, menée par Marin Ledun. Il a sollicité Jean-Paul Jody pour son roman Chères Toxines, qui décrit l'univers de l'entreprise pharmaceutique, et Christian Roux dont les personnages du roman Braquages sont 4 SDF. La question du travail se pose... le travail comment ? le travail pour qui ? le travail pour quoi ?... Les romans noirs des années à venir vont sans aucun doute s'emparer du sujet dans le sillage de Germinal d'Émile Zola (un des précurseurs du roman noir avec Maupassant et Balzac), de Lorraine Connection de Dominique Manotti ou encore Le couperet de Donald Westlake.


De quoi Jean-Jacques Reboux (en compagnie d'une des plus importantes acheteuses de romans policiers du salon) peut bien parler ? Peut-être de Je suis un terroriste, l'intéressant premier roman de Pierre Brasseur.


Un rang plus loin, le local de l'étape, Stéphane Pajot, présente son Léo Tanguy Carnaval Infernal, à côté de Nicolas Jaillet (lire l'explosif Sansalina), Max Obione (le pilier de la maison Krakoen) et Lalie Walker (nouvellement nantaise)...


En face d'eux, Christian Roux, Jean-Christophe Tixier (monsieur Un aller retour dans le noir) et Renaud Marhic qui lance la nouvelle version de sa collection Polars Grimoires chez Terre de Brume.


Dans les allées les Docteurs Polar (Geof et Emeric) ont trouvé un sacré malade : Cyril Herry, fondateur des éditions Ecorce qui en deux ans a publié deux romans indispensables.


Avez-vous lu Le fauteuil pneumatique rose au milieu d'une forêt de conifères de Thibault Lang Willar? Vous devriez.


Deux p'tits jeunes qui débutent... Jérémie Guez (Paris la nuit, à lire de toute urgence) et Patrick Bard !


La dream team des éditions Ecorce, le Nord et le Sud, Lille et Marseille, Eric Maneval et Fred Gevart, Retour à la nuit et Bois. Qui a dit qu'il ne se passait rien dans le polar français ?

Tout ça existe (attention voici l'instant cérémonie des Césars) grâce au travail de l'équipe Mauves en Noir, menée tambour battant par son sémillant président, Benoît Sagot Duvauroux. Il faut les voir pour y croire, toute l'année se triturer la cervelle pour imaginer le meilleur, tester les recettes de Chili Con Carne, goûter les vins... Alors merci à eux de nous avoir inclus dans cette organisation. Françoise, Nathalie et Nathalie, Nadine, Claude, Odile et Jean-Louis, Isabelle Miranda qui a succédé avec brio à Morgane au poste de coordinatrice, l'équipe de bénévoles au bar... Ils gèrent le stress au poil !

Et pour les aficionados il y avait le bouquiniste spécialisé polar Vivement Dimanche, où il faut bon traîner aux côté de Claude Mesplède, Jean Hugues Oppel ou Éric Maneval... Y a pas de raison que le porte-feuille ne participe pas à ces moments rares et précieux, et puis il nous manquait les deux tomes de la Mythologie du roman noir de Francis Lacassin.


Hervé Sard, Cyril Herry, Caroline de Benedetti, Geoffroy "Doc Polar" Domangeau, Eric Maneval, Emeric Cloche, Fred Gevart, Max Obione et Patrick Polarnoir Galmel.

Pour les Fondu Au Noir cette 10e édition du festival Mauves en Noir avait une saveur particulière, puisqu'elle réunissait une brochette d'individus dont la rencontre s'est faite sur un site internet : Pol'ArtNoir. Là où tout a commencé, dans le noir. Enfin merci à Katia Houri pour les superbes photos et les coups de main constants. En 2012, on se retrouverait bien autour d'un feu de camp et d'un bivouac dans le Vallon.

Les Petits Polars du Dj Duclock n°66

jeudi 21 avril 2011


Gil Scott Heron se lance dans le polar en 1970 avec The Vulture. Deux ans plus tard il met ses textes en musique. Ses écrits politiques parlés ou chantés sur des musiques jazz et soul peuvent être considérés comme des ancêtres du rap. En 2001 Gill Scott Heron est condamné à 3 ans de prison pour détention de cocaïne. À sa sortie il produit son 25ème album "I'm New Here" (Beggars Banquet, 2010) qui comporte une reprise d'un vieux blues de Robert Johnson dont vous pouvez entendre (et voir) la version album chez K-Libre.

Me and The Devil (NYC Orchestral Version), Gil Scott Heron


Mauves en Noir, 10 ans (2)

mercredi 20 avril 2011

Samedi 16 avril, ciel bleu, conditions parfaites. Midi, un Marin sur le pont guette l'arrivée du train de ses compagnons... Mauves en Noir, deux jours d'arrêt.


À Mauves, ça commence toujours par l'apéro et un buffet.

(Jean-Jacques Reboux, Patrick "Pol'Art Noir" Galmel et Jérémie Guez)

Ensuite certains choisissent la sieste...


... d'autres tirent éhontément la langue face à Jean-Paul Jody, pendant que Marcus Malte lit le roman de son voisin, Fred Gevart. Oui, un auteur de polars peut aussi parfois être un lecteur de polars.

(Katia des Fondu Au Noir & Jean Paul Jody, Marcus Malte plongé dans Bois de Fred Gevart)

Au boulot !

(Marin Ledun, Stéphane Michaka, Jean-Bernard Pouy et O'Librius)

Le soir vient le temps de l'apéro, de la remise des prix avec la présence exceptionnelle et lumineuse de Miss Mauves 2011, et puis l'énorme buffet préparé par le CIFAM de Sainte Luce Sur Loire, où les petits fours disputent la gloire aux macarons, qu'il faudra éliminer sur la piste du bal po[pu]lar.


Pendant ce temps, d'autres complotent autour d'un jeu improvisé. La boîte du crieur livrera ses surprises le lendemain...

(Fred Gevart, des mains de Fondu et Jean-Paul Jody)


France 3 qui passait par là, nous a laissé en souvenir des images de cette première journée.



To be continued...

Mauves en Noir, 10 ans (1)

lundi 18 avril 2011

Les Fondu Au Noir et O'Librius peaufinent la soirée d'ouverture du festival Mauves en Noir.

Tout a commencé par un peu de scotch noir et quelques lignes tirées à l'aide d'un niveau à bulle. On ne badine pas avec le mur à suspects ! De sacrés énergumènes vont s'y coller.

Vendredi 15 avril, 20h30... première séance d'identification avec de gauche à droite : Jérémie Guez, Christian Roux, Jean-Hugues Oppel, Samuel Delage et Claude Mesplède.

Saurez-vous retrouver la photo de votre auteur préféré quand il était enfant ?..


Un peu plus tard dans la soirée... Arrivée du deuxième groupe de suspects : Marin Ledun, Cyril Herry, Eric Maneval, Marcus Malte et Hervé Sard. À l'unanimité, tous les suspects ont été déclarés coupables et condamnés à purger une lourde peine d'enfermement dans la salle du Vallon de Mauves sur Loire les deux jours suivants...

Les Petits Polars du Dj Duclock n°64

jeudi 14 avril 2011

Pour ce Petit Polar n°64 on prend la voiture avec les Stinking Lizaveta qui proposent une promenade macabre et sans paroles.

Stinking Lizaveta, stop laughing



Et n'oubliez pas d'aller jeter les oreilles dans le Petit Polar n°63 Chez K-Libre.

Resto Littéraire #2 et 3 !

dimanche 10 avril 2011

Et si vous veniez manger avec nous ?

Mercredi 13 avril, nous recevons Pascal Dessaint pour la sortie de son roman Le bal des frelons. L'occasion de parler musique (le rôle du groupe Status Quo dans son histoire ?), cinéma ou encore marche à pied avec cet amoureux de la nature.


Les Petits Polars du dj Duclock n°62

jeudi 7 avril 2011


Comme me le faisait remarquer Jean Marie Garniel par ailleurs, la collaboration entre la guitare de Serge Teyssot-Gay et les voix du label Anflash remontent à une collaboration avec La Rumeur. Puis on retrouve Hamé et Casey (voir l'implacable petit polar n°61 chez K-Libre) aux côtés du guitariste avec Angle Mort. Le chemin continue maintenant avec Les Contes du Chaos, un rock lourd à base de guitare dont on peut extraire un petit polar particulièrement bien senti... à écouter pour accompagner la lecture du Paris La Nuit de Jérémie Guez.

Zone Libre Vs Casey & B.James, Vengeance


Éléments de critique : le cliché littéraire

lundi 4 avril 2011


Qu'est-ce que c'est, mal écrire ? La question se pose car on entend dire parfois, tout "dépend des goûts et des couleurs". À moins que tout ne dépende du parcours et de l'éducation littéraire du lecteur... ou encore de son état de tolérance du moment, de ce qu'il est venu chercher dans le livre... Mais pour parler d'un livre il nous semble important de mettre en place des repères de lecture, une sorte de liste composée de divers éléments critiques. Comprendre pourquoi un livre nous plaît ou ne nous plaît pas et savoir l'expliquer nous paraît important à une époque où l'on croule sous la production. Nous vous proposons aujourd'hui de vous pencher sur un élément de style : "Le cliché littéraire".

Les phrases ci-dessous proviennent d'un roman qui nous sert de "bible à clichés", pour montrer au public que nous rencontrons les effets auxquels les auteurs se laissent parfois aller. Il va sans dire que cela n'empêche pas d'apprécier ce roman et d'y prendre plaisir.

Exercice n°1 - mimez la scène suivante : "Comme il n'obtenait pas de réponse il bondit dans le salon en position de tir, balayant l'espace du regard." Il est à noter qu'à la suite de cette scène, le personnage voit le cadavre d'une femme derrière un fauteuil et s'exclame, comme toute personne très choquée à la vue d'un mort : "Nom d'un chien !"

"Balayer : autant le balai est un instrument méprisé, autant balayer est une activité très appréciée dans la vie littéraire. Toujours balayer les dernières (jamais les premières) hésitations, objections, réticences, illusions. S'il le faut, balayer d'un geste (inutile de dire lequel) ou d'un revers de main (inutile de préciser laquelle). Les éléments naturels ne sont pas en reste (le vent, la pluie, la mer, les vagues, la neige...)" Tiré du Dictionnaire des clichés littéraires, Hervé Laroche

Continuons, et mimez également, là chez vous devant votre écran : "Le commissaire Eric Vidal s'éveilla en sursaut. Le coeur battant la chamade, il dressa le buste et balaya l'espace de ses yeux exorbités."

Maintenant que le nom du personnage est révélé, nous pouvons vous dévoiler le titre de ce roman : Le baiser de Jason, de Laurent Scalese. Ce type de phrase produit, dans notre cas, une réaction de rejet quant à l'histoire et l'écriture. Impossible de croire une seconde à ce qui est raconté, l'effet étant même plutôt comique, comme par exemple lorsqu'au cours d'un interrogatoire : "- Décrivez-le moi, prononça le commissaire en se pourléchant les babines comme s'il s'apprêtait à déguster des spaghettis à la bolognaise, son plat préféré." De l'usage de la métaphore...

De la redondance : "Soudain, un bruit l'arracha à sa torpeur et elle sursauta. Haletante, la jeune femme se redressa brusquement. L'effroi brillait dans ses yeux." Pourquoi pas : "Un bruit l'arracha à sa torpeur. La jeune femme se redressa." ?

Attention, nous répétons : ces phrases n'empêchent pas d'aimer le roman, de son "plonger" dedans ou de le "dévorer". Mais le cliché littéraire est en général rédhibitoire dans notre analyse/perception d'un roman. Utilisé à bon escient, il peut cependant être indolore et permet parfois de se plonger directement dans l'ambiance, comme dans une paire de vieux chaussons.

Winter's bone, l'Amérique White Trash

vendredi 1 avril 2011

Pendant que sortent des films de stars à la pelle dans des salles qui vendent leurs places à 9,80 euros et pondent des tickets à 5,50 euros tellement ça ne fonctionne pas, des films discrets passent dans des vieilles salles aux sièges en cuir qui craque avec un tarif unique à 5,50 euros. C'est là que nous sommes allés voir Winter's bone, parce que le film est tiré d'un polar de Daniel Woodrell, qui n'est pas un manche, et parce que le film avait plutôt de bons échos auprès de notre panel de référence.

Winter's bone

Il y a quelques jours nous sommes allés dans un lycée pour parler de l'image de la femme dans le polar au cinéma avec des jeunes. Extraits de The Wire, Death Proof ou Le faucon maltais à l'appui, nous avons tenté de leur montrer qu'un écran passe aussi un message. Winter's bone rentre parfaitement dans ce cadre. Cette adolescente de 17 ans qui prend en charge sa mère, son frère et sa sœur en l'absence d'un père emprisonné, remet quelques pendules à l'heure. La réalisation de Debra Granik n'y est pas pour rien. Sobre, pleine de gros plans photographiques superbes, elle sait jouer de la subtilité par les silences et les images, sans tout livrer dans les dialogues, aidée par des acteurs irréprochables. Faut voir la tronche de Merab - celle qui bastonne Ree avec l'aide de ses sœurs dans une scène qui montre bien que la violence n'a pas besoin de gros plans pour être choquante - jouée par l'actrice Dale Dickey, encore une quasi inconnue du casting. Ce qui n'est plus le cas de Jennifer Lawrence, héroïne du film, nominée aux Oscars, et qui va jouer dans un prochain X-Men.

En voyant Winter's bone, impossible de ne pas penser à un autre film, à plein d'autres films, en fait, et à des romans, tout ceux qui se tiennent loin des buildings américains et des femmes "coiffées comme un caniche" à l'image de cette chanson d'Arno. C'est l'Amérique white trash, celle qui porte la salopette crasseuse et vit dans des caravanes, des mobiles homes toujours affreusement décorés. Il y a Frozen River, et en remontant plus loin encore Délivrance - qui tient d'ailleurs plus du redneck que du white trash - et puis les romans de Jim Thompson, et à une autre échelle le dernier opus de Pascal Dessaint Le bal des frelons.

Frozen River

Vous pensez à quoi, vous, comme films white trash ?
 
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