L'un par Issy, l'autre par Ivry...

lundi 19 septembre 2011


Galop d'essai pour le festival En première ligne, qui s'ouvre dans 4 jours avec une programmation et une conception qui dénote d'un projet à part. Pour en savoir plus, nous avons interviewé Philippe Villechalane, co-organisateur du festival et libraire (Librairie Envie de lire).

Les festivals et salons autour du livre ne manquent pas, d'autant plus en région parisienne, qu'est-ce qui vous a donné envie de vous y mettre, vous aussi ?

Le pourquoi c'est d'abord parce que nous savons, pensons, croyons, que les livres sont utiles, indispensables, d'abord à re-enchanter le monde puis à le changer, c'est aussi une histoire de rencontres, de volonté commune, d'affinités, d'amitiés.

Nous avons l'envie de ne pas faire un salon mais un festival, pas d'auteurs derrière des piles de livres à signer, mais des rencontres, des échanges dans un espace, ouvert, sympa, chaleureux, où les auteurs recevront les lecteurs/ découvreurs/ visiteurs, dans des fauteuils, des chauffeuses, canapés et autres causeuses, un programme dense, avec des changements de dernière minute bien sûr, n'oublions pas que c'est une première édition, et puis notre volonté c'est dans l'avenir, d'aller plus encore dans la ville, pas seulement près des lecteurs, mais dans les quartiers, avec les habitants, c'est aussi pour cela que nous organisons un vide-greniers littéraire, un troc, une bibliothèque éphémère, que nous avons travaillé pour qu'un livre naisse d'ateliers d'écriture.

Alors, il y en a plein des salons, tant mieux, il n'y en aura jamais assez, nous ne croyons pas vraiment aux préceptes de l'offre et de la demande, mais nous tenons fermement à défendre le possible du non possible, et puis, si certains sont formidables, aucun ne nous satisfaisait complètement, alors on s'est dit pourquoi pas, on pense qu'on a des choses à faire entendre, on fonce!

Les auteurs vont aller à la rencontre des participants, avec ce que nous avons appelé de façon un peu opaque un" objet transactionnel", qui donnera une gorgée de bière, qui une citation, qui du vin, qui mettra en avant un objet (gants de boxe, balance, ballon...) ou encore une paëlla, tout cela pour tenter de rompre avec les "sachants" et les "non sachants" et donc avec des formes de hiérarchie entre les uns et les autres.

Ce qui marque avant toute chose, c'est la diversité des auteurs invités pour ces journées. Comment s'est faite cette sélection où François Bon côtoie Stéphane Beauverger, Serge Halimi, ou encore Marin Ledun ?

Pour ce qui est de la diversité, elle tient d'abord au fait que nous sommes plusieurs, que si nous avons des intérêts communs, nous avons aussi des passions distinctes, que le fil rouge de ce festival qui laisse la part belle au noir, est la critique sociale, et que le noir est un véhicule particulièrement efficace car il permet de prendre des raccourcis, pas sur le fond mais sur la forme, il évite les notes de bas de page, les renvois, les références historiques, biographiques, bibliographiques souvent nécessaires et même indispensables dans une autre forme de littérature.

Et puis ce qui est intéressant c'est de tout faire pour tendre des passerelles, faire se rencontrer des femmes et des hommes qui se croisent peu, de se confronter, de se frotter même sur des sujets, des questions, des idées, des perspectives, et pourquoi pas rêvons un peu que des projets puissent émaner de ces rencontres autour d'une salle de débat, d'une table, d'un verre, d'une exposition, d'une pièce de théâtre. Nous avons surtout envie que des rencontres et des croisements aient lieu, et pour cela pas besoin de faire un catalogue le plus exhaustif possible des auteurs qui vendent, qui sortent un livre, qui sont médiatisés, malgré tout ce qui est mis en œuvre pour nous le faire croire, la valeur n'a rien a voir avec la profusion, ni avec la rareté, mais avec l'échange.

Nous espérons vendre beaucoup de livres, d'abord parce que nous installons une librairie de 100 m² durant ces trois jours, que nous avons travaillé à une sélection qui nous plaît bien, que le succès passe aussi par le fait que les auteurs invités fassent connaître leur travail, parce que les lecteurs doivent être heureux de découvrir, un auteur, un titre, un éditeur, une œuvre, une pensée...

Peut-être que le pas de côté que nous tentons permettra cela, de toutes les façons les sillons seront tracés pour les années à venir car nous voulons nous inscrire dans la durée. Et puis ce dont nous ne sommes pas les moins fiers, c'est les dizaines de "volontaires" disent certains de nous, quand d'autres disent les "bénévoles" et d'autres encore les "militants", au final peu importe, une centaine de femmes, d'hommes, de jeunes, de vieux, seront présents durant ces trois jours pour, ensemble, réussir ce festival et prendre du plaisir, c'est déjà une réussite ça, une vraie.

En tant que libraire, l'avenir du livre, vous le voyez comment ?

Pour ce qui concerne l'avenir du livre, nous pensons que ce n'est pas à part du reste de la société comme elle va, c'est dur, pour certains plus dur que pour d'autres mais que la résistance est là, des centaines de libraires indépendants se battent tous les jours pour ouvrir, assumer leur passion ou leur fonction, que des éditeurs font des choix exemplaires, courageux et prennent des risques, que des lecteurs enfin font le choix et parfois l'effort de se rendre dans ces librairies indépendantes, malheureusement de moins en moins nombreuses. Donc ce n'est pas foutu, mais cela passe par une prise de conscience, ce n'est pas par sympathie qu'il faut aller acheter ses bouquins chez des libraires, même si... mais surtout parce que sinon, demain, l'offre se réduira comme une peau de chagrin et que donc les idées seront sur le reculoir. Il faut que cette question interroge bien au-delà de la profession, la question posée concerne tous les acteurs de la vie politique, économique et sociale, les acteurs des collectivités publiques doivent prendre des décisions favorisant la culture du livre, de l'écrit, de son accès et de son maillage. Quand nous parlons d'offre, nous ne disons pas titres, parce que ça il y en a, développement personnel, cuisine, ésotérisme, pratique... et ils se portent bien, cela a sûrement à voir avec le fait que le présent est compliqué au quotidien et l'avenir pour le moins troublé, mais Livres !

Festival d'Ivry sur Seine, du 22 au 25 septembre 2011 (la liste des auteurs invités ici)

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