Au village aussi (Petit Polar n°104)

jeudi 27 octobre 2011



Continuons un peu avec Georges Brassens si vous le voulez bien. L'assassinat nous rappelle qu'il n'y a pas qu'en ville que l'on trucide...

L'assassinat de Georges Brassens par Joël Favreau et Jean-Jacques Franchin.


Jonathan Lethem, Flingue sur fond musical

lundi 24 octobre 2011

Une lecture proposée par Laurent Leleu, par ailleurs éminent tenancier du blog Yossarian.



« Elle était là quand je me suis réveillé, je le jure. L'intuition. »

Conrad Metcalf n'aime pas que l'on empiète sur ses plates-bandes. Dans son domaine, c'est un as de l'investigation. Du moins, est-ce ainsi qu'il aime s'imaginer, et ce ne sont pas ses clients qui diront le contraire. Ils n'ont pas intérêt...

Metcalf ne nourrit aucune illusion. La société est un égout à ciel ouvert charriant des étrons humains. Les notables, les bourgeois ne valent guère mieux que la racaille. Tous des truands en costume ! Mais Metcalf a des principes. Lorsqu'on lui confie une affaire, il va jusqu'au bout. En vrai dur à cuire, il ne lâche pas le morceau. Et plus on lui met de bâtons dans les roues, plus l'enquête devient obscure, plus il se montre acharné. Telle est l'image qu'il se fait de son boulot d'inquisiteur privé.

« Malgré les deux ou trois couches de textile qui nous séparaient, je jure que je sentis ses mamelons me gratter les côtes comme des allumettes au soufre. »

On l'aura compris, avec Flingue sur fond musical Jonathan Lethem braconne sur les terres du roman noir américain. La référence à Chandler saute aux yeux de l'amateur. Elle est d'ailleurs assumée dès la dédicace. Avec ce premier roman, Lethem ne se cantonne toutefois pas au pastiche. Il agglomère des ingrédients SF à son intrigue, accouchant d'une sorte d'hybride à la gouaille réjouissante, où abondent les descriptions savoureuses, les dialogues sarcastiques et les situations croquignolesques.

« C'était une quinquagénaire avec de beaux restes, soit une trentenaire déjà faisandée. Je penchais plutôt pour la seconde hypothèse. »

L'omniprésence de l'humour semble en effet la caractéristique principale d'un récit lorgnant au moins autant sur Chandler que sur Dick. Lethem transpose les ressorts et les archétypes du polar dans un univers de SF. Truands, flics – pardon, inquisiteurs – véreux, femmes fatales et privés évoluent ainsi dans un cadre dystopique, une sorte d'État totalitaire droguant ses citoyens à l'Oubliol, substance en vente libre dans les pharmacies. De même, la radio diffuse des nouvelles musicales en lieu et place des informations, histoire d'apaiser les esprits (un procédé que l'on retrouve dans Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques). Et si jamais quelque fâcheux vient à perturber l'ordre, le bureau d'Inquisition s'empresse de lui retrancher quelques points de karma sur sa carte. Un avertissement pour le ramener à la raison. La congélation en guise de viatique pour les zéros karmiques.

« Quand j'avais choisi ce métier, j'avais cru bêtement que le jeu consistait à reconnaître un coupable dans une brochette d'innocents. En vérité, il s'agissait plutôt de repérer des innocents dans une foule de salopards. Et de les sauver si possible. »

Cependant, ce monde ne manque pas aussi de bizarreries et de zones d'ombre. Loin d'être lisse et policé, il donne plutôt l'impression d'une jungle sillonnée de prédateurs impitoyables. Grâce à une thérapie évolutive, les nourrissons et les animaux accèdent au statut de citoyens. Bébétêtes, le cigare au coin de la bouche et kangourous armés, en imperméable mastic, arpentent les rues de la cité, alimentant la chronique du crime organisé et contribuant à la mauvaise réputation de certains bars. Les bourgeois peuvent s'offrir les services de domestiques animaux (et non le contraire), histoire de tenir propre leur maisonnée, et plus si affinité, nourrissant ainsi leurs penchants zoophiles refoulés.

Bref, Flingue sur fond musical s'avère une lecture fort sympathique. Un OLNI au phrasé joliment troussé, à l'intrigue certes archétypée, mais les références sont assumées. Un roman à lire le sourire aux lèvres, sans se forcer, tant le style de Jonathan Lethem est accrocheur.

Jonathan Lethem - Flingue sur fond musical (Gun, with occasional music, 1994) – J'ai Lu, 1996 (roman inédit traduit de l'anglais [États-Unis] par Francis Kerline)

Down by the River... (petit polar n°102)

jeudi 20 octobre 2011


Les petits polars qui causent d'un type qui va buter sa femme ou qui vient de la buter parce qu'il l'a trouvée avec un autre homme sont légions dans les chansons anglo-saxonnes (l'inverse est moins courant). Neil Young ne déroge pas à la règle avec un blues rock d'un peu plus de 12 minutes enregistré au Fillmore en 1970.

Neil Young and the Crazy Horse, Down by the River

Bouts d'Indic - n°3

mardi 18 octobre 2011

Cliquez pour voir en grand.

Un abonnement, un cadeau (6)

vendredi 14 octobre 2011



Attention le voilà, il est arrivé presque sans qu'on ait vu le temps passer... c'est le dixième ! Depuis mai 2008 L'Indic poursuit son chemin, défrichant le vôtre pour multiplier les pistes de réflexion et de lectures des amateurs de polar et autres littératures. Ce n'est pas une mince réalisation, par les temps qui courent, et comme dans les cérémonies il faut remercier : le graphiste-maquettiste Dominique Tanguy ; les rédacteurs passés, présents et à venir ; les abonnés et lecteurs qui nous suivent et nous encouragent... Grâce à eux L'Indic existe et se présente sous vos yeux dans une version légèrement modifiée.

Pour cet Indic de fête, nous offrons aux 5 prochains abonnés un ouvrage optimiste, pour attaquer l'hiver. Il y flotte un air de fin du monde alors que le jour refuse de se coucher... Il s'agit du premier roman de Camille Leboulanger, Enfin la nuit, que vous pourrez découvrir en interview dans ce numéro. Merci aux éditions L'Atalante pour ce partenariat !

Attention tous les romans ont été offerts ! Merci aux abonnés !

Abonnement : 15 euros les 3 numéros, règlement par chèque
à l'ordre de Fondu Au Noir - 27 rue Anatole Le Braz - 44000 NANTES.

Resto-littéraire 2#2

jeudi 13 octobre 2011


Nous vous convions au 2e resto-littéraire de cette rentrée pour une rencontre avec Sébastien Rutés, qui sort son tout nouveau roman Mélancolie des corbeaux dans la collection Actes Noirs.

Cette soirée du jeudi 20 octobre commencera à 18h à la librairie l'Atalante pour se poursuivre à 20h30 au café Livresse. Simon et Marie nous accueillerons avec un menu spécial, dans ce lieu qu'ils viennent d'ouvrir et de décorer de livres. Avec l'auteur, nous parlerons entre autres de littérature hispanique, Sébastien Rutès étant maître de conférence et enseignant en littérature latino-américaine. Il a publié de nombreuses études universitaires sur le roman policier hispano-américain et un essai consacré au Mexicain Paco Ignacio Taibo II. Il est l’auteur de plusieurs nouvelles, en espagnol et en français, et de deux romans publiés aux éditions L’Atinoir : Le Linceul du vieux monde (2008) et La Loi de l’Ouest (2009).

N'oubliez pas de réserver votre place !

Petit Polar n° 100

mercredi 12 octobre 2011


Il fallait bien que cela arrive, voici le 100ème Petit Polar. Je vais en profiter pour faire une remarque : sans les criminels, sans la société industrielle et ses méfaits, sans l'adrénaline et la littérature... il n'y aurait pas de polars, ni de petits polars. Alors voici... stance à un cambrioleur.



La qualité de l'enregistrement n'est pas très bonne, mais tout le monde devrait avoir un ou trois disques de Georges Brassens par devers soi. Vous pouvez aussi trouver le titre en question du côté de chez Deezer. Et n'oubliez pas de vous rendre chez K-Libre pour votre Petit Polar n°99.

Interpol'Art, Reims 2011

lundi 10 octobre 2011


Ça change des gymnases et salles des fêtes non ? La Demeure des Comtes de Champagne ouvrait ses portes ce week end à des individus hautement suspects : des auteurs et des lecteurs de polar.
(cliquez sur les photos pour les agrandir)


Du côté des organisateurs aussi, il faut dire, il y avait des gens bizarres... Ici Florian.


Les mains de Franz Bartelt, Gilles del Pappas, Sylvie Cohen, Jean-Jacques Reboux.


Franz Bartelt.


Pendant ce temps-là, les Docteurs tentent de convertir le cameraman.


Dominique Manotti et son regard... Dominique Manotti et son sourire, à côté de Philippe Kleinmann.




Aline Kiner a obtenu le prix InterpolArt 2011 pour son roman Le jeu du pendu. (ci-dessous avec son éditrice)




Plus tard, nous avons dîné au restaurant le QG et ça valait le détour... La patronne s'est échappée d'un roman de Simenon !


Le lendemain matin, la reprise est dure, Jean-Marc Pitte fait la grimace à Thierry Bourcy.

Heureusement les Docteurs Polar servent aussi le café.


Gilles Del Pappas, ses lunettes, sa casquette et... son appareil photo.



Les Docteurs croisent une spécialiste à qui il faudra délivrer une ordonnance sévère !

Un bien beau week end sous les bulles de champagne et les macarons, merci à toute l'équipe de ce beau festival.

Les docteurs polar prennent le train


Les 8 et 9 octobre 2011, dans le cadre du festival Interpolart et en partenariat avec la SCNF, les Docteurs Polar ont pris le train de Paris vers Reims pour délivrer quelques-unes de leurs fameuses ordonnances...


Très vite, de grands malades ont été repérés : des individus louches avec un fort goût pour la lecture, que nos docteurs ont soignés grâce à leurs conseils judicieux et personnalisés.


Bien entendu, leurs prescriptions gratuites sont totalement remboursées par la Sécurité Sociale !

Brûler les étiquettes

vendredi 7 octobre 2011


J'en ai souvent parlé, de cette horrible expression : "c'est plus que du polar". Elle a des variantes, comme par exemple : "C'est un vrai roman", "il explose les codes du genre"...

Ce mini phénomène (que certains n'hésiteraient pas à qualifier de complot anti-polar) revient souvent chez des lecteurs, des critiques, des bibliothécaires, des auteurs. Des gens chez qui cela n'est pas étonnant, d'autres un peu plus.

Le dernier en date - celui qui m'a décidé à synthétiser ces petites réflexions - est Antoine Chainas, qui s'exprime non pas sur un polar, mais sur un auteur de SF : R. C. Wilson.

Guéguerre de principes, diront certains, pinaillages, diront d'autres, coupage de cheveux en quatre. Peut-être. Encore faut-il être bien conscient que les mots ont un sens et que le leur enlever c'est aussi enlever du fond. Dans les romans, le fond a son importance, mais dans la méthodologie d'une analyse aussi. C'est de l'ordre de la théorisation, cela semblera universitaire (donc chiant) à beaucoup, mais... Les personnes - critiques, auteurs, bibliothécaires, lecteurs - qui vantent le genre (polar - mais ça fonctionne avec d'autres) pour dire qu'il a "gagné ses lettres de noblesse", ces personnes, donc, quand elles spécifient ensuite qu'un bon polar, dès lors qu'il est bien écrit, intelligent... c'est PLUS qu'un polar... elles vont à l'inverse de ce qu'elles disent au préalable (par flemme et par répétition du cliché critique ?). Si le polar est devenu noble, quel besoin de sortir du genre un roman policier dès lors qu'il est bon ? Le faire, ça revient à dire que les romans policiers sont merdiques : un bon polar est un polar mort est autorisé à atteindre le statut supérieur de roman "tout court".

Antoine Chainas écrit : "La manière dont ils interagissent en milieu clos, avec leurs peurs, leurs doutes, leurs failles, confère à la narration une surprenante densité que bien des auteurs de littérature blanche seraient avisés d'étudier. Mais Wilson est-il un écrivain de genre ?"

Wilson n'écrit pas de la merde - je ne l'ai pas lu mais je n'ai aucun mal à le croire (Emeric Cloche en parle dans plusieurs numéros de L'Indic), là n'est pas la question - donc il n'écrit pas de la SF. Il quitte le genre, parce que lui, il sait écrire, construire une histoire, mettre du fond... ce que confirme Antoine Chainas avec une précision : "l'alibi science-fictif paraît dérisoire au regard des enjeux narratifs globaux." Nous y sommes.

Le genre, ici la SF, n'a pas vraiment d'importance. Car : "c'est la faculté à transcender le genre de prédilection qui domine et ouvre les portes à une fiction située au-delà des figures imposées." Le genre est donc enfermé dans des codes imposés. Ce qui est vrai. Les codes existent, ce qui n'empêche en rien de faire de la littérature. Il existe aussi un "carcan" pour le roman, l'oeuvre romanesque elle-même. Un bon auteur va donc au-delà des codes, nous sommes d'accord. Mais ce n'est pas parce qu'il les assimile, les utilise à sa façon, que le roman de genre qui réussit à ne pas être barbant, mal écrit... n'appartient plus au genre. C'est la mauvaise SF (ou le mauvais polar) qui n'est pas capable de dépasser les codes, les répétant à l'identique, sans saveur. Ce qui fait qu'on marche un peu sur la tête, en fait.

Chainas dit plus loin que Wilson écrit "avec une finesse et un style", d'une façon, rattachée au reste, qui laisse entendre : lui à l'inverse des autres. Donc, ces autres, qui écrivent de la SF, écrivent de mauvais romans (de genre) cela se confirme.

Salve finale : "Alors, si vous voulez lire de la S.F. qui n'en est pas (ou si peu)..."

Je n'ai peut-être pas bien compris, et alors tant mieux cela appellera des éclaircissements. Mais il y a des personnes qui ont réfléchi, souvent, longtemps, sur la question du genre, qui en ont ébauché la définition, montré l'évolution, expliqué l'existence. On dirait que non, à l'heure actuelle cela n'a plus lieu d'être. Halte au genre, c'est mauvais. C'est réducteur. Les auteurs ne veulent plus d'étiquettes (pour des raisons commerciales ? littéraires ?).
Et, par voie d'extension : le rock et le classique, ce n'est que de la musique ; socialisme, ça ne veut rien dire c'est parti politique ; surgelé et frais c'est de la nourriture.

Voilà, je ne sais pas vous, moi c'est ça qui me file le vertige.


Caroline de Benedetti

Joey (Petit Polar n°98)

jeudi 6 octobre 2011



Joey narre l’épopée d'un gangster de sa naissance au son de l'accordéon à sa mort par balle et Desire est un des albums indispensables de Bob Dylan.

Joey, Bob Dylan



En première ligne, vivement la deuxième !

mercredi 5 octobre 2011

Le week end du 22 septembre nous avons rendu visite au tout nouveau salon En première ligne, qui fêtait son lancement sous le soleil dans un lieu particulièrement agréable : l'espace Robespierre (à côté de la rue Marat, ce qui plante l'inspiration...). De nombreux auteurs à l'affiche, et surtout un choix organisationnel intéressant : rompre avec la présentation en ligne des auteurs derrière leur table et leur pile de livres pendant deux jours. Ce côté foire que bien des auteurs demandent à voir changer.

Conférence "Le peuple comme danger, le peuple en danger", avec entre autre le collectif Angles Morts, à l'heure où le procès en appel des 5 condamnés de Villiers-le-Bel va s'ouvrir.

Mathieu Rigouste, (passionnant) chercheur en sciences sociales, à côté de Serge Quadruppani.


Une autre conférence avait pour objet Le noir comme véhicule de la critique sociale. Paco Ignacio Taibo II, Dominique Manotti, Marin Ledun, Seth Greenland et Eric Miles Williamson ont dit ce qu'ils en pensaient.

De g. à d. : Seth Greenland, son traducteur, Eric Miles Williamson et sa traductrice

Paco Ignacio Taibo II et Dominique Manotti

Il y avait en tout plus d'une dizaine de débats en deux jours, un programme riche et largement suivi par le public. Un beau succès que ces discussions. Public plus clairsemé dans la grande salle où les auteurs, lassés d'attendre dans leur canapé, ont fini par se regrouper pour discuter ensemble. Une position sans doute intimidante pour les visiteurs, ce qui a provoqué le défaut majeur de cette édition : le manque de contact individuel entre auteurs et lecteurs. Le beau temps s'était mis de la partie pour envoyer tout le monde dans la cour, ce qui n'a pas aidé les choses. On a donc vu, au final, certains auteurs prendre le petit panneau avec leur nom et s'installer derrière une table, à l'ancienne...

Le deuxième reproche qui pourrait être fait à cette édition, c'est le nombre d'auteurs annoncés (une centaine) au regard de ceux présents (une cinquantaine). Effet d'annonce, désistements ? C'est une première tentative, un défi courageux, et il faut laisser le temps à l'équipe organisatrice de prendre possession des lieux. Rendez-vous l'année prochaine !

Serge Quadruppani et Jérôme Leroy

De Reims à l'Italie

lundi 3 octobre 2011

Ce week-end, il faudrait pouvoir disposer de clones pour pouvoir tout faire.

D'un côté les Rémois et tous les habitants des environs pourront profiter de 2 jours d'un programme bien achalandé en polar. De l'autre, les parisiens feront la fête à l'Italie avec plein de lectures, de rencontres et d'auteurs à découvrir. Et encore, sans parler de Toulouse Polars du Sud, qui fête sa 3è édition...


La 6e édition du festival Interpol'Art se déroule Demeure des Comtes de Champagne (ça fait déjà rêver...), rue du Tambour à Reims. Conférences, exposition BD, projection de films (Fritz Lang et Robert Wise), vente de livres d'occasion, dédicaces... Par où commencer ? Si vous êtes perdus, faites signe aux Docteurs Polar, ils ne sont pas difficiles à reconnaître avec leurs blouses blanches.


La fête du livre et des cultures italiennes a été créée en 2008 par le libraire par Gennaro Capuano. Cette année on y retrouvera, par exemple, Tommaso Pincio, très apprécié ici par Emeric Cloche, et des thèmes comme "La gastronomie italienne entre cuisine pauvre et bourgeoise", ou "Une histoire du cinéma italien". Ça se passe à l'Espace des Blancs Manteaux les 7-8 et 9 octobre, et nous espérons bien ne pas manquer ça l'année prochaine !


 
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