China Miéville in The City

dimanche 25 décembre 2011


Je ne suis pas une familière de la science-fiction. Je ne maîtrise pas l’histoire du genre et ses classiques. J’ai lu le roman de China Miéville en néophyte, sans pouvoir relier cet opus à sa place dans la SF (à part qu’il m’a évoqué par certains côtés le roman de Mircea Cartarescu, Orbitor).

La ville comme métaphore

J’ai d’abord et surtout apprécié l’imaginaire de l’auteur, tant sur le plan du contexte inventé que des trouvailles langagières et la réappropriation de certains mots (gros travail de traduction !) : bienvenue dans une ville extra-ordinaire où l’on évise, rupte et trame.

The city & the city c’est notre univers familier, à vous et moi, (via des références comme Internet, MP3, Myspace, Amnesty...) mais vu sous un angle décalé ou grossi, comme si l'on jouait à loucher et qu'on ne puisse plus distinguer le modèle original. C’est un monde incarné par une ville, une unité géographique à l’intérieur de laquelle cohabitent en fait deux villes : deux architectures, deux types d’habitants, deux plaques d'immatriculation, deux passeports... Un peu comme si vous développiez une deuxième personnalité, l’une ignorant parfaitement l’autre. Ul Quoma et Beszl, donc, rappellent bien sûr Berlin, la Palestine ou encore l’Afrique du Sud de l’Apartheid, tous ces lieux où une population est mise à l’écart de l’autre. En poussant un peu, on y verra une métaphore de l’altérité, de la dualité et de notre capacité à rejeter l’autre. Il n'est pas toujours besoin de guerre ou de mur pour donner corps à une barrière.

Ul Qoma, dirigée par le Parti National Populaire, a interdit les partis socialistes, fascistes et religieux et mène une glastnostroika. Beszl incarne le capitalisme. Deux Histoires et deux évolutions différentes, racontées par un flic de chaque bord. Là est le plaisir, l’originalité. Explorer avec eux, comprendre la rupture (cet acte de franchir sans autorisation le passage entre deux villes, qui revient à voir l’interdit), et la Rupture, cette police omnipotente, dangereuse, croquemitaine de contes. Un tel contexte joue sur les fantasmes et les légendes, outre celle de la Rupture, il y a celle d’Orciny, une 3e ville, une ville fantôme peuplée de bannis, qui se tiendrait dans les interstices, les espaces vides.

La trame policière

The city & the city est un roman urbain, bien sûr, et pour une fois le qualificatif n’est pas usurpé. La ville est un personnage, double, et triple qui nous promène dans un décor fabuleux. Le prétexte à cette exploration urbaine, c’est une enquête policière, et le gros point faible de l’histoire se situe là, à mon avis. Cadavre retrouvé sur un terrain vague, jeune femme mystérieuse ruptant d’une ville à l’autre, qui l’a tuée, pourquoi ?... finalement cela ne touche pas le lecteur. Mais comprendre Ul Quoma et Beszl, les lois qui les régissent, l’éducation des habitants pour qu’ils apprennent à occulter l’immeuble à côté du leur parce qu’il fait partie de la ville "en face", l’activisme des nationalistes et des unificateurs... Cet environnement soulève des problématiques captivantes, auxquelles on pourra repenser après la lecteur. Mais elles restent à mon sens inabouties, en quelque sorte parasitées.

Dans les problématiques liées à l’existence de deux villes étrangères en une, il y a bien sûr le lecteur, le monde dans lequel il évolue et sa vision des choses. China Miéville ne passe pas loin de nous le faire sentir avec force.

China Miéville, The city & the city, Fleuve Noir, 2011, 20 euros, 391 p.

(Caroline de Benedetti)

Marignac en Milieu hostile

vendredi 16 décembre 2011


« Même le vertige de la chair, hypnose d’autrefois, avait perdu sa puissance de talisman sur leurs corps, désormais plus soucieux d’économie que d’accomplissement. La vie n’était même plus chienne, elle était charogne. »

Ce qui sous d’autres plumes, pourrait donner quelque chose du genre : « Ils essayaient de rallumer la flamme de leur désir. » Et après, qui va me dire que le style c’est des foutaises ? J'avais déjà eu ici une explication avec le monsieur sur le sujet.

Avec ce roman Thierry Marignac s’inscrit sur le chemin du personnage récurrent. On le devinait déjà dans À quai, sous le nom de l’Occidental. Il revenait sous le nom de Dessaignes dans Renegade Boxing Club, à New York, et il se retrouve ici à Sébastopol, attendant après les gémissements d’une femme, avant de se retrouver à Kiev pour solder une vieille dette.

Les collines de Crimée, les rues de Kiev... Les « pays de l’Est », comme on dit de cette chose inconnue et lointaine. Il est rare qu’un roman, qu’un polar, nous trimballe par là-bas. On pourrait donc se dire que cet exotisme fait l’attrait du roman de Marignac. Sauf que. Déjà à New-York son histoire avait de la force. La qualité vient d’ailleurs. Du style déjà mentionné, bien sûr, et de cette façon de raconter les histoires. Quelque chose de rugueux, de dense et de tendu. L’auteur ne cède pas à la facilité, ne donne pas beaucoup de prises extrêmes, qu’elles soient de l’ordre du rebondissement, du glauque ou du sentimentalisme. C’est sobre et retenu, bien des choses se passent entre les lignes.

Le roman noir, dit-on, est le roman du constat (autre tarte à la crème). Il regarde sous le tapis. Milieu Hostile est un excellent roman noir. Outre le contexte géopolitique avec Russie et Ukraine, l’enquête menée par Dessaignes pour l’Alliance (regroupement d’ONG) montre les connexions entre les laboratoires pharmaceutiques, les ONG et les organes de décisions gouvernementaux, ceux qui distribuent les mannes des subventions. Les intervenants sont nombreux, le fil n’est pas toujours facile à suivre. Mais à l’époque de la grippe aviaire et du médiator, plus personne ne doutera de la crédibilité des magouilles mises en oeuvre.

Ces magouilles mettent face à face 4 vieux potes et c'est eux qui font la chair de l'histoire. Pierre Henri et Jean-Charles les deux Sang Bleu, anciens du renseignement militaire ; et les deux roturiers Loutrel et Dessaignes, tout ce petit monde solde ses comptes vieux d’une jeunesse où les rapports de force étaient inversés. Les regrets et les choix d'adultes sont aussi incertains que lorsqu’on a vingt ans. Ici peu de convictions ou d’idéologie, plutôt l’appât du gain, l’obsession pour une femme, la revanche sociale, la quête de rédemption... Une matière sans doute proche de l’auteur - on regardera par exemple sur son blog Antifixion la photo des Blancs Becs, les 3 mousquetaires - mais qu’importe.

Le plaisir est dans les détails, les êtres et les enjeux qui les lient. Là est la matière. Dessaignes est un personnage errant qui prend forme, Marignac son conteur, et nous attendons la suite du chemin.

Thierry Marignac, Milieu hostile, 2011, Baleine

Petit Polar n°118

jeudi 15 décembre 2011




Le Premier hit UK du chanteur anglais Elvis Costello est un Petit Polar ! C'était en 1977...

Elvis Costello & The Attractions, Watching the detectives (Live 1978)


Et n'oubliez pas votre petit polar n°117 Chez K-Libre.

Un abonnement, un cadeau (8)

mercredi 14 décembre 2011


C'était déjà Noël avant l'heure grâce aux éditions Asphalte le mois dernier, et voici qu'Ecorce nous offre, vous offre, un autre beau cadeau : 5 romans du tout nouvel opus Ecorcien, Recluses, de Séverine Chevalier, pour les 5 prochains abonnés à L'Indic.

Après Retour à la nuit (Eric Maneval) et Bois (Fred Gevart), l'éditeur et ses auteurs continuent d'explorer les fêlures - ici le traumatisme d'une mère qui a perdu son enfant - avec un grand soin pour l'écriture. À vous de juger !

Abonnement : 15 euros les 3 numéros, règlement par chèque
à l'ordre de Fondu Au Noir
27 rue Anatole Le Braz - 44000 NANTES.

Murder by Mistletoe (Petit Polar n°116)

jeudi 8 décembre 2011



Y aura-t-il de la neige pour noël ? ça je ne sais pas, mais d'après les Felice Brothers il y en a un qui sera tué par le gui...

Murder By Mistletoe, The Felice Brothers

Comme un p'tit polar... n°114

jeudi 1 décembre 2011


Si la société industrielle et ses maux hantent un grands nombres de polars, il ne faut pas oublier que le crime reste indissociable des sentiments...



Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°113 du c^té de chez K-Libre.
 
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