Et pourtant j'étais mort, Xavier Couture

mardi 24 avril 2012


Avec un homme qui se réveille amnésique, dans un cercueil, le départ du roman avait de quoi appâter. Le lecteur connaisseur pourra penser avec émotion au fameux début de Requins d’eau douce (Heinrich Steinfest) et ce cadavre retrouvé dans une piscine, sur le toit d’un immeuble, bouffé par un requin... Dans le roman qui nous intéresse, Et pourtant j'étais mort, la suite repose sur le mystère de l’identité de cet homme, et la raison pour laquelle il s’est retrouvé là. La personnalité de Paul Andrieu, puisque c’est son nom, est aussi profonde et exaltante que l’annonce chaque midi des résultats du CAC 40. Cet homme qui doute et s’interroge sur son identité passée est en fait un riche business man. Propriété somptueuse, amante, piano et équitation en hobby. L’auteur place quelques personnages à ses côtés pour dynamiser l’intrigue : le médecin complice ; l’assureur qui enquête ; l’ado qui a vu le cadavre sortir du cimetière ; le petit truand profiteur, sans oublier la femme impitoyable issue d'une famille d'immigrés espagnols... Quand ces seconds rôles n'occupent pas le devant de la scène, Paul Andrieu fait part de son anxiété, son dégoût pour la personne qu’il perçoit avoir été, son rejet de la superficialité, son besoin de normalité qui va le mener même à envier la petite prof : « Elle le faisait brutalement atterrir dans la vraie vie avec des gens ordinaires, des écoles avec des élèves, des villes normales avec des préoccupations banales et il trouvait ça formidable. Il n’en pouvait plus d’entendre parler des millions d’Innotech.» Voilà pour la partie psychologique, et comme on peut le constater, ce n’est pas la profondeur des personnages qui fait le sel de ce roman (leur sort et leur vie nous sont indifférents), il faut donc se tourner vers l’intrigue pour espérer voir le niveau s’élever. Malheureusement de ce côté-là rien de bien excitant non plus, la base de cet imbroglio est totalement abracadabrante et le petit twist final vu et revu.

Caroline de Benedetti

Xavier Couture, Et pourtant j'étais mort, Editions du Masque, 2012, 18 euros, 300 p.

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