Le Loup de Wall Street (Martin Scorsese, 2013)

mardi 4 février 2014


Scorsese rend supportable 3 heures de film sur Jordon Belfort, un pourri qui monte une boîte pour conquérir Wall Street. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'histoire d'un bandit en col blanc pété de thune et hanté par l'argent, qui va monter et descendre.

Les 3 heures passent sans en avoir l'air : Scorsese n'en est pas à son premier film, la direction des acteurs (Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Rob Reiner, Margot Robbie...), les plans et les décors sont impeccables. Les scènes de dialogues et d'action se succèdent et montrent un salopard amoral guidé uniquement par la soif de l'argent qui, comme il l'explique dès le début, lui donne du pouvoir et le rend sympathique. Cet argent lui permet de fuir toutes les responsabilités et quand, malheur, celles-ci le rattrapent ou qu'il a des décisions à prendre, il se drogue. Difficile de se remémorer des scènes où les personnages n'ont pas le nez dans la poudre ou des cachetons dans la main (quand ils ne sont pas en train de baiser des prostituées ou des filles de magazines).

Scorsese choisit de jouer sur le registre de la comédie parfois franchement burlesque (la scène de crise de paralysie cérébrale suite à une trop forte prise de drogue est une parfaite illustration de la puissance comique du film). Le traitement formel vient à l'appui, avec les ralentis, la voix-off et l'acteur qui s'adresse directement au spectateur. La bande son, faite à partir de morceaux de musique existants, donne parfois un aspect clip qui renforce l'effet et va très bien avec la thématique du film et son personnage central. 

Ce traitement comique renforcé par la présence de Jean Dujardin (qui joue façon OSS 117) rend supportable les 3 heures de film et permet de ne pas trop appuyer sur le côté "regardez comme ce type est pourri" qui aurait sûrement été lassant par son côté trop moralisateur et attendu. La chute de Jordan Belfort est d'ailleurs fort bien maîtrisée, elle n'est pas trop lourde et le personnage lui-même n'a pas l'air de se rendre compte combien il est pathétique. Le côté polar vient avec l'agent du FBI qui tente de faire tomber le pourri. Il représente la seule incursion du monde "réel" dans un univers de luxe qui fait perdre de vue tout au long du film les anonymes qui bossent chez McDo, ceux qui transpirent dans le métro et que Wolfie n'a aucun scrupule à plumer.

Au final Le Loup de Wall Street malgré son côté drôle est un genre de tragédie qui montre l'ascension et la chute d'un homme, c'est aussi un drame qui montre ce qu'est cet homme et son monde. Et quand on apprend que le film est tiré de l'autobiographie de Jordan Belfort on se dit que ça ne doit pas être si facile de voir s'étaler la vacuité de sa vie sur un écran.


Caroline de Benedetti & Emeric Cloche.



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