Festivals

vendredi 26 septembre 2014

Les week end à venir vont être riches en rendez-vous du côté des festivals. Voici quelques dates à noter sur vos tablettes.

Polar en Cabanes revient ce week end (26 et 27 septembre) et vous y retrouverez entre autre Hervé Le Corre, Sébastien Gendron, Marin Ledun, Dominique Manotti. En plus, il y a la mer et les huîtres...

Le week end suivant, du 3 au 5 octobre à Gradignan, c'est le tour de Lire en poche, avec la présence de certains auteurs de polars dont Sophie Loubière, Elsa Marpeau, Odile Bouhier... et des rencontres animées par Christophe Dupuis. En même temps se déroulera à Pau le festival Un aller retour dans le noir, avec la participation d'Olivier Truc, Emmanuel Grand, Tim Willocks, Marin Ledun Pascal Dessaint, Sam Millar...


Et le 10 octobre débutent les festivités de la 6e édition de Toulouse Polars du Sud, avec des invités de tous les pays, de nombreuses rencontres et animations, et les blouses blanches des Docteurs Polar.

Novembre arrivera et avec lui le plaisir de retourner à Lamballe pour Noir sur la ville. Vous voilà bien occupés...

Terror Couple Kill Colonel (Petit Polar n° 340)

jeudi 25 septembre 2014


3ème single du groupe anglais Bauhaus Terror Couple Colonel a été inspiré par le titre de presse relatant l'assassinat, le 11 mai 1972, du lieutenant colonel Paul Bloomquist par la Red Army Faction (RAF) lors de l'attaque à la bombe du Terrace Club de Frankfort par le commando « Petra Schelm ». 


Cartel (The Counselor, Ridley Scott, 2013)

mardi 23 septembre 2014


Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes dit Bossuet. Le dernier film de Ridley Scott pourrait bien illustrer cette phrase. Le polar est à la fois moral et ambigu. Ici, la démonstration est magistrale.

Il y a les dialogues que l'on voudrait se repasser par la suite, ou au moins relire pour en profiter encore plus et réfléchir. Il y a le jeu des acteurs, le décor et la mise en scène impeccables. Différents mondes sont présentés (comme l'explique la scène où un membre des cartels cite le poète Machado) avec un recul bienvenu qui semble ne pas porter de jugement hâtif mais donner à voir. Et même quand l'objet filmé est tape à l'oeil ou vulgaire, il est filmé de façon sobre. Pas la peine d'essayer de rentrer en empathie avec les personnages, le propos de Ridley Scott qui adapte ici un scénario de McCarthy n'est pas là, même si les personnages sont finement définis et posés sur l'échiquier. On retrouve les marottes de l'écrivain, ce qui a été et qui n'est plus, la disparition de ce qui est cher, l'humanité et le changement. Les choix qui sont faits entraînent des conséquences.
(Cet article est une reprise du site Duclock).

Emeric Cloche.

Love Detective (Petit Polar n°338)

jeudi 18 septembre 2014


À la fois triste et sensuel le texte Love Detective mis en musique par Arab Strap est un des single de l'album The Red Thread (Chemikal Underground, 2001). Le clip est tourné par le chanteur du groupe Aidan Moffat.


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°337 du côté de chez K-Libre.

Un prophète, Jacques Audiard

mardi 16 septembre 2014


On peut définir Un Prophète comme un film de prison, un film de gangsters, un film religieux (biblique et coranique), on sera encore loin du compte, l’imaginaire cadré. Audiard dit dans une interview qu’il voulait faire un film noir, et c’est plutôt ainsi qu’il faut le présenter à qui ne l’a pas vu.

Oppressant et tendu, comme un miroir de notre société, le film surclasse largement, par exemple, un Mesrine (dont le scénariste, Abdel Raouf Dafri, a commis le scénario du Prophète...) et la pléthore de pâles films français sans imagination de ces dernières années. Audiard parle de film transgenre et c’est bien de ça qu’il s’agit.

On est loin de l’évasion de prison ou de la présentation de l’univers carcéral, loin des Evadés (Frank Darabont, 1994) ou du Hunger de Steve Mc Queen (2009). Quand les anglo-saxons ont tant exploité le thème, de Midnight Express (Alan Parker, 1978) à American History X (Tony Kaye, 1999) en passant par La ligne verte (Frank Darabont, 1999) ou Animal Factory (Steve Buscemi, 2000), côté français on s’y est bien moins frotté. Il faudra se pencher sur Zonzon (Laurent Bouhnik, 1998) les plus anciens et néanmoins classiques Un condamné à mort s’est échappé (Robert Bresson, 1956) et La Grande Illusion (Jean Renoir, 1937). Un prophète échappe aux évidences, se gardant de tirer des larmes ou choquer à tout prix, jouant sur la nuance. Pas d’apitoiement sur les conditions d’emprisonnement, de mise en garde contre la religion, de dénonciation des vilains matons ou de glorification d’un quelconque code entre gangsters. Ce à quoi bon nombre de films se cantonnent habituellement.

Malik débarque en prison, vierge à nos yeux : analphabète, sans parents et sans amis. On sait juste qu’il a vécu en foyer et s’est pris 6 ans de prison pour agression d’un policier à l’arme blanche. À son arrivée, le gendarme aborde la question de la religion, avec en arrière plan les barbus qui défilent dans un couloir. Malik répond qu'il mange du porc et semble même surpris quand l’autre lui demande s’il veut du temps pour la prière.

Ce personnage, jeune et sans arme, comment va-t-il vivre dans un milieu qui n’autorise pas la neutralité ? Entre Corses et barbus, à se couler dans le moule, sauver sa peau, apprendre à lire et écrire, il se fait une place. Malik est intelligent, il s’adapte, il apprend la langue Corse avec un petit dico et en les écoutant parler. Il comprend, analyse, agit en conséquence (« récite », précise le sous-titre). Simple garçon de course, larbin soumis, il n’oublie pas d’oeuvrer pour sa pomme. « T’as pris la confiance » lui dit un taulard. Le gamin a grandi et le spectateur se prend d’une angoisse : c’est pas possible, il va se brûler les ailes. Il ne peut pas avancer ainsi, l’air de rien, avec si peu de morale. Entre ambition et soumission, c’est un homme qui se crée. Certains y verront par voie de conséquence l’illustration de la loi du plus fort, une ode à la démerdise ou encore l’histoire du type qui devient caïd à la place du caïd.

Mais c'est toute une réflexion qui surgit de ce que nous montre Audiard. Il s’abstient de trop en faire et réussit à livrer des personnages convaincants et puissants, à l’image de Malik. L’acteur (Tahar Rahim) incarne son personnage à la perfection, entre regard déterminé, à la fois surpris et émerveillé du pouvoir qu’il acquiert. Sans oublier César, superbe Niels Arestrup en patron truand Corse, sûr de sa puissance et de son pouvoir, vieux contre jeune, fort contre faible, jusqu’à tuer le père.

Le film ne livre pas une morale mais fait bien plutôt un constat, ô combien juste, ironique et cynique, à l’image de ce prophète des temps modernes. Car quel est le moyen de survivre dans notre société ? Récite ! Comprend comment le monde autour de toi fonctionne. Comme le dit le pote de Malik « je me réinsère », et finalement, entre l’extérieur et la prison, il n’y a plus guère de différence, à l’image des sorties en conditionnelle effectuées par Malik.

Côté technique, l’image est servie par des plans serrés, caméra à l’épaule, entre ombres et obscurité. Les quelques ralentis, incrustations de texte et effets d’iris sont en cohérence avec les ruptures de rythme amenées dans la narration, à l’image de l’utilisation de la musique, tour à tour rap, folk et classique. Des effets mais de la sobriété.

Du peu que j'ai lu de-ci de-là et avec regret, beaucoup de journalistes, ou spectateurs se cantonnent à une vision partielle du film, n'en retenant qu'un seul thème (c’est moins fatigant), la loi du plus fort par exemple. Acte facile qui évite surtout de remettre en question. On peut notamment penser aux indépendantistes corses de Corsica Libera et du PNC ; ils se plaignent de l’image que le film donne d'eux – ont-ils pensé à faire de même avec L’enquête Corse ? - mais qu’on fait les italiens quand Le Parrain est sorti ? -, ou à ceux qui trouvent que le film ressemble à un documentaire sur la prison (avec un seul détenu par cellule ?). Quand le prisme du réalisme fausse la vision... Le film me semble réaliste dans la mesure où on y croit et qu'on est dedans, mais pas parce qu'il restitue LA réalité.

Une oeuvre d’art doit, entre autre, nourrir de multiples réflexions, et c'est ce que ce film fait. Perte de l’innocence, parcours initiatique... Un prophète sera plus que le meilleur film vu depuis le début de cette année (ne pas oublier le superbe Morse du suédois Tomas Alfredson), passé à côté de la palme d’or (remise à Michael Haneke). Ses thèmes et leur traitement en font un film intemporel.

Il faudrait aussi, après un nouveau visionnage du film, s’attarder sur deux autres de ses aspects : le mystique et la religion. Le rêve prémonitoire fait par Malik, hanté par son premier mort (fabuleux fantôme) ; ses 40 jours et 40 nuits au mitard (le jeûne et la pluie dans la Bible : des épreuves) ; l’injonction « récite ! Au nom du Seigneur », premier verset coranique révélé à Mahomet... symbolique inévitable. C’est peut-être l’aspect qui déséquilibre légèrement le film, car elle peine à prendre sens. Je l’ai perçue ainsi : savoir lire les signes. Car c’est au final ce qui permet à Malik de faire son parcours. Lequel fait bien grincer des dents, mais on est quand même sacrément content d'avoir vu un tel film avec des pensées pour plusieurs jours !

Côté musique, Dj Duclock aura noté - outre la BO d'Alexandre Desplat - la présence du titre See you All de Koudlam ; le rappeur NAS avec Bridging the Gap (qui emprunte le début du Mannish Boy de Muddy Waters), et pour clore le film le superbe Mack the knife, tiré de L'opéra de Quat'Sous de Brech et Weil, interprété ici par Jimmie Dale Gilmore. Même le titre, Un prophète, n'est pas l'idée originelle d'Audiard, qui aurait préféré trouver une équivalence à la chanson de Dylan : You Gotta Serve Somebody, beaucoup plus explicite, et qui permet finalement de comprendre un peu peu mieux ce Prophète. "J'aimais le fatalisme et la dimension morale de ce titre, mais je n'ai pas trouvé de traduction satisfaisante" a-t-il expliqué.
Caroline de Benedetti.


(Cet article est une reprise du site Duclock).

The Ripper, Judas Priest pour le Petit Polar n°336

jeudi 11 septembre 2014


You're in for surprise / You're in for a shock / In London town streets / When there's darkness and fog... Le single "The Ripper" sort en Mars 1976. Le narrateur de la chanson est Jack l'Éventreur.


The place Beyond The Pines (Derek Cianfrance, 2013)

mardi 9 septembre 2014


Le réalisateur Derek Cianfrance propose une narration très intéressante, avec un découpage temporel entre la série et le film. Les 140 minutes sont divisées en trois parties distinctes qui forment une longue histoire. Le scénario de The Place Beyond The Pines est impeccable.

Malheureusement, la réalisation alterne scènes réussies (les braquages, ou la plupart des scènes avec les jeunes dans la troisième partie de film), scènes foirées (moments entre les amoureux par exemple), grosse surprise et ficelles un peu faciles (la rencontre des deux "fils de"). Les plantages font passer le film à côté du chef d'oeuvre. Notons au passage que la musique de Mike Patton flingue pas mal de scènes... Mais The Place Beyond The Pines est un film à voir et à revoir. Surtout qu'une fois que le projet de Cianfrance (un projet ambitieux) est compris, le film devient implacable.

Caroline de Benedetti et Emeric Cloche.


Je m'appelle Samuel Hall et... (Petit Polar du Dj Duclock n°334)

jeudi 4 septembre 2014


C'est la rentrée, la cinquième pour les Petits Polars du Dj Duclock qui s'écoutent tous les Jeudi sur les sites K-Libre et Fondu Au Noir depuis Septembre 2010.

Sam Hall est un vieux folk anglais qui remonte au milieu du XIXème siècle. La chanson conte l'histoire de Jack Hall, un bandit pendu en 1707 à Tyburn ou Cootehill. De nombreux chanteurs vont s'emparer du thème et faire perdurer l'histoire de ce type. Alain Bashung en enregistre une version française pour l'album Fantaisie militaire (Barclay Records, 1998). La chanson est renommée Samuel Hall et ce sont Olivier Cadiot et Rodolphe Burger qui sont crédités pour les paroles et la musique. Les lecteurs de Jim Thompson trouveront là une résonance avec un passage d'Ici et Maintenant (Rivages/Écrits Noirs, 1992).

Les Salauds (Claire Denis, 2013)

mardi 2 septembre 2014



Les salauds est un film glauque (au sens premier du terme, comme l'explique la réalisatrice) avec quelques scènes somptueuses et une référence à Sanctuaire, le polar de William Faulkner.

La construction décousue du film ne permet pas de cerner immédiatement les tenants et aboutissants de l'histoire. Seule certitude, voici l'univers de salauds et de leurs victimes. Une sensation d'oppression plutôt désagréable ne vous quitte pas tout au long du film. Le duo d'acteurs, Vincent Lindon et Chiara Mastroianni, fonctionne à merveille et les autres acteurs servent l'histoire (Michel Subor en patron d'entreprise, mari dominant et papa poule est bien flippant). 

Le film évite de nombreux pièges quant au sujet traité. Les choix esthétiques renforcent la noirceur de la thématique. Qu'est-il arrivé à cette jeune fille retrouvée errant nue dans la rue ? La musique signée par Stuart Staples, et Tindersticks qui collabore sur 7 autres films de Claire Denis, est réussie. En guest star Miossec (pour sa deuxième apparition au cinéma) complète un casting fort en gueules. Là où on pourra rester un peu sur sa fin, c'est sur le scénario. Le film a été écrit et tourné dans l'urgence à la demande de Vincent Maraval (patron de la société Wild Bunch productrice du film). Un peu plus de clarté aurait été bienvenu quant au geste final de Rapahaëlle Laporte (Chiara Mastroianni). Quoi que ce genre de flou soit propice à animer les discussions post film... Les aficionados du noir devraient visionner de toute urgence ce Claire Denis à l'ambiance singulière.

Emeric Cloche.


 
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