The long goodbye, Raymond Chandler

lundi 5 janvier 2015


Avoir entendu parler de Marlowe et de l'apport de ce classique à la littérature policière, et finalement, découvrir Raymond Chandler.

Saisir, en quelques pages, l'influence d'une écriture imagée mais jamais lourde, et percevoir tout ce que Lew Griffin doit à Philip Marlowe. 

"Chandler n'écrivait jamais mieux que lorsque Marlowe était drogué ou passé à tabac."
James Sallis, Bluebottle.

L'incursion de Marlowe le privé chez ses riches clients - les autres ne semblent pas l'intéresser - donne tout son sens à une phrase souvent rabâchée : "le polar permet d'explorer l'envers de la société." Le détective agit comme un révélateur de ce qui se cache derrière les sourires et l'apparat. Sa présence met en relief les banalités et les convenances, elle donne encore plus d'éclat à la lucidité des individus qui refusent ou ne peuvent se soumettre au jeu social. C'est le cas de bien des personnages de cette histoire, de Lennox l'alcoolique à Linda Loring l'anti femme fatale en passant par Amos, le chauffeur lecteur des poèmes de TS Eliot.

"On dit, par exemple, que les riches peuvent toujours se protéger et que, dans leur monde, règne un éternel été. J'ai vécu avec eux : ce sont des gens solitaires et rongés par l'ennui."

Marlowe, c'est l'alcool et les femmes sans jamais être cliché. La force de Chandler tient à ce qu'il  montre et suggère sans besoin de souligner ce qu'il faut penser. L'intégrité de Marlowe se comprend dans ses choix et ses actes ; son aversion pour les cyniques lucides qui s'accommodent sans lutter surpasse son mépris pour les faibles.

"La plupart des gens traversent l'existence en déployant la moitié de leur énergie pour essayer de protéger une dignité qu'ils n'ont jamais eue."

The long goodbye, c'est l'adieu à ce qui n'est plus, à une amitié fugace, un amour passé, des sentiments trahis. C'est aussi, un peu, une vision politique de la société.

"Si on a des truands, des mafieux, des équipes de tueurs, ce n'est pas à cause des politiciens véreux et de leurs acolytes à la mairie et dans les tribunaux. Le crime n'est pas une maladie, c'est un symptôme. Les flics me font penser aux toubibs qui te refilent de l'aspirine pour une tumeur au cerveau, tandis que les flics la soigneraient plutôt à la matraque."

The long goodbye, Robert Altman, 1973


The long goodbye, Raymond Chandler, 1953, Folio Policier 2014, 498 p.

Caroline de Benedetti

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