Trapped in a basement (PP n°372)

jeudi 26 février 2015


L'histoire se passe en Autriche où Josef Fritzl a enfermé sa fille Elisabeth pendant 24 ans dans la cave de sa maison. Violée, Elisabeth a donné naissance à 7 enfants dont certains ont été élevés à l'air libre par Josef et sa femme. Le fait divers a donné lieu à plusieurs petits polars musicaux. Ici ce sont les Black Lips qui chantent en se mettant à la place d'Elisabeth.


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°371 du côté de Chez K-libre.

Out, de KIRINO Natsuo

vendredi 20 février 2015


Histoire de femmes, de la condition ouvrière et des immigrés au Japon, Out raconte les plus faibles et l'affrontement de deux individus.

Tout commence avec un cadavre. Ce mort-là va donner lieu à une scène de découpage digne des plus belles scènes d'horreur, sans jamais approcher d'un cheveu le plus mauvais des thrillers. L'homme mis en pièce détachées va lier entre elles 4 ouvrières : Yayoi, Kuniko, Masako et Yoshié. Solidaires sur la chaîne de production de l'usine, elles deviennent complices par la force du cadavre.

Une fois cette première partie logistique réglée, le récit s'oriente vers l'enquête et ses conséquences. L'auteur approfondit les rapports entre ces femmes, le caractère de chacune se dessine avec une précision qui fait mesurer les éléments psychologiques, les enjeux et risques pour chacune d'entre elles. Assez rapidement, la focale se ressert sur Masako, femme mariée comme ses 2 autres partenaires Yoshié et Yayoi. Kuniko est la célibataire du quatuor, tendance bête et méchante.

- Je suis devenue un insecte. Je reste sous la terre sans rien faire.
- Quelle chance de pouvoir être un insecte !
- Tu veux dire que tu envies les femmes ?
- Ben oui, peut-être.

La famille, les enfants, la place de la femme et celle de l'homme sont bien sûr évoqués à travers ces différents portraits. Chez Masako, la famille provoque surtout une grande solitude puisque le dialogue avec son mari et son fils ont disparu au point d'avoir presque effacé son identité et son goût pour la vie, déjà mise à mal par la perte de son précédent emploi. 

Face à elle une ombre se dessine, celle de Sataké, mac et gérant de salle de jeux, qui fait office de suspect dans l'affaire du cadavre découpé en morceaux. Masako et Sataké incarnent deux côtés d'une même médaille, deux individus transformés par la mort, qu'ils ont connu de près, non parce qu'ils ont failli mourir, mais parce qu'ils ont participé à celle d'un autre. Masako et Sataké veulent retrouver cette excitation. Masako, en coupant le cadavre en petits morceaux, a rassemblé ceux d'elle-même, éparpillés au fil du temps. Elle est revenue à la vie et devient logiquement un objet de fascination pour Sataké. Il ne pourra en rester qu'un...

Out souffre de quelques longueurs, mais c'est un roman infiniment riche en sujets et personnages réussis.

Out, Natsuo Kirino, Seuil, 2006, 590 p., 21,30€

Caroline de Benedetti

Woke Up This Morning (Petit Polar n°370)

jeudi 19 février 2015


Woke up this morning, got myself a gun... ce refrain est entré dans la tête des personnes qui ont visionné la série HBO The Soprano. La chanson d'Alabama 3 (un groupe du sud de Londres comme son nom ne l'indique pas) sonne terriblement gangster. En fait, elle relate un fait divers et parle d'une femme (Sara Thornton) qui va abattre son mari qui la malraite depuis une vingtaine d'années.


Celle qui a tous les dons, M.R. Carey

lundi 16 février 2015


Mike Carey est écrivain de comics, notamment pour Marvel, et de romans jusqu'ici jamais traduits en France. Sous le semi-pseudo de M.R. Carey, il publie en juin 2014 le roman The girl with all the gifts, qui sort dès octobre 2014 en France chez L'Atalante, sous le titre Celle qui a tous les dons. Autant dire que c'est un gros succès, dont l'adaptation serait en cours d'écriture avec Colm McCarthy à la réalisation.

Dans ce monde qui a vécu la Cassure, les zombies sont des affams (pas besoin d'explication) et l'autre ennemi porte le nom de cureurs, ces survivalistes enduits de goudron qui n'attirent pas franchement la sympathie.

Le roman bénéficie de plusieurs bonnes trouvailles, en plus de son rythme, de ses personnages et de ses thématiques. L'histoire, à la fois captivante et intelligente, possède des aspects visuels très forts. La forêt de filaments pathogènes, cocon soyeux qui emprisonne les rues de Londres, fascine totalement.

Le personnage du zombie n'en finit plus de ressasser la métaphore de notre société, et avec le succès de Walking Dead la coupe est parfois pleine. La bonne idée de Celle qui a tous les dons, c'est le personnage de Mélanie. Découvrir un monde apocalyptique décimé par un virus à travers les yeux d'une petite fille de 10 ans enfermée dans une cellule fait que, d'entrée de jeu, vous ne lâchez pas le roman. Les enjeux de l'histoire apparaissent et instillent le drame et le suspense. Puis le point de vue s'ouvre aux 3 autres personnages principaux : la psychologue institutrice en empathie avec les enfants, le soldat impitoyable et la scientifique aigrie et obsédée par ses recherches. Les archétypes ont été pensés comme il faut.

Peut-être plus humaine que les femmes et hommes qu'elle a en face d'elle, Mélanie lutte contre son côté zombie pour laisser s'exprimer des siècles de civilisation, celle qui la fait rêver avec ses mythes grecs et la boîte de Pandore.

L'espèce humaine se voit ici offrir une perspective d'évolution dans une fin émouvante.

M.R. Carey, Celle qui a tous les dons, L'Atalante, 2014

Les 2M, auteurs et nouvelles anonymes

vendredi 13 février 2015

Theodore Roussel, Jeune fille lisant

Je ne suis pas très amatrice des regroupements d'auteurs en vue de produire des textes sans projet éditorial.

La bonne volonté à la base de ces actions ne se conteste pas, et sans doute qu'il y a de l'émulation, de l'envie de partage, des "confirmés" qui soutiennent des débutants, mais il y a aussi une part d'auto-promotion là-dedans. Cet aspect me pose un petit problème ; j'imagine que tout dépend de la conception que chacun se fait de la littérature et de l'image de l'auteur. Il faut s'y habituer, aujourd'hui celui-ci se transforme souvent de lui-même en un produit avec son nom imprimé partout et sa cohorte de fans. Peut-être, aussi, que face à la multitude, il faut se faire remarquer pour sortir du lot. Faire du bruit, s'agiter, multiplier les initiatives.

Dans un passé récent, il y a eu ces nouvelles en forme de "concept" de cadavre exquis via facebook, et "Les auteurs du Noir...". Des fausses bonnes idées, un argument caritatif, et des résultats médiocres. Entendons-nous bien, des auteurs très intéressants participent à ces projets, là n'est pas la question. La nouvelle est un exercice difficile ; ne dit-on pas d'ailleurs "l'art de la nouvelle" ? Elle est malheureusement trop souvent prise pour une facilité (le texte court serait rapide à écrire) ou un prétexte à boutade. Les auteurs français ne s'y adonnent guère, les lecteurs semblent la bouder : est-ce une culture perdue, ou bien ce format n'en a jamais fait partie ? Reste qu'il ne pardonne aucun défaut, mais offre de magnifiques réussites (Les diaboliques, de Barbey d'Aurevilly pour n'en citer qu'un, avec son superbe Le Rideau cramoisi).

Voici donc les 2M : Eric Maravélias (Série Noire) et Benoît Minville (Sarbacane), avec une nouvelle idée qui regroupe 22 auteurs plus ou moins connus. Aucun thème, aucune contrainte à part un maximum de 10 pages. Les nouvelles sont en ligne sur le blog Stodena. Et voici les noms des 22 auteurs :

Ian Manook, John N. Turner, Christophe Gavat, Elsa Marpeau, Gaëlle Perrin Guillet, Jacques-Olivier Bosco , Guillaume Cherel, Benoit Minville, Nicolas Lebel, Yal Ayerdhal, Sébastien Raizer, Stanislas Petrosky, Nicolas Mathieu, Franck Bouysse, Anouk Langaney, Frédérick Rapilly, Marion Brunet, Thomas Carreras, Henri Loevenbruck, Dominique Terrier, Laurent Guillaume, Nicolas Elie, François-Xavier Dillard

Le Trophée des 2M présente un intérêt car les textes sont anonymes. Cet élément a indéniablement un effet intéressant sur la lecture et le jugement, sauf si l'on prétend nier qu'un avis puisse être influencé par la connaissance du nom de l'auteur. À vous de voir ! 13 nouvelles ont déjà été produites, et le niveau mérite le détour.

I'm Nothing (PP n°368)

jeudi 12 février 2015



Cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas plongé dans la tête d'un psychopathe. I'm Nothing est tiré du dernier album d'Electric Wizard Time To Die (Spinefarm Records, 2014). Un véritable chaudron bouillonnant...



Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°367 du côté de chez K-Libre.

Gun Crazy, l'histoire d'une lionne

mardi 10 février 2015


Lyrisme tragique, amour, révolte et cavale... avec son découpage nerveux, ses plans marquants et ses allusions érotiques le Gun Crazy de Joseph H. Lewis ouvre la voie. Les frères King - d'authentiques gangsters - avaient déjà produit Dillinger en 1945. Voilà un polamour indispensable dont les rejetons s'appellent : À bout de souffle (Godard, 1959), Bonnie & Clyde (Arthur Penn, 1966), La balade sauvage (Terrence Malick, 1973), Sailor et Lula (David Lynch, 1990)...


Emeric Cloche.

Sweet Hitch-Hiker (PP n°366)

jeudi 5 février 2015



Prendre quelqu'un en stop, faire du stop... c'est parfois le début d'une aventure et l'aventure c'est parfois du polar. Sweet Hitch-Hiker raconte une de ces histoires d'auto-stop, vous pouvez trouver le morceau sur l'album Mardis Gras (Fantasy, 1972) de Creedence Clearwater Revival.



 
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