Les salauds devront payer, Emmanuel Grand

lundi 21 décembre 2015


Le Nord de la France inspire le cinéma, la littérature et le polar. Tendance population en souffrance et fermeture d'usine. Dans le genre, impossible de passer à côté d'excellents romans comme Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu, Lorraine Connection, de Dominique Manotti, ou encore Les derniers jours d'un homme, de Pascal Dessaint.

Après les embruns, l'île et l'irruption d'un étranger dans Terminus Belz, Emmanuel Grand revient avec un 2e roman très attendu, un peu comme quand vous réussissez pour la première fois votre gâteau et qu'il faut vérifier à la seconde tentative s'il s'agissait d'un coup de chance.

"La guerre, entendez-vous, et non la guerre d'Algérie. Celle-ci est perdue, et il faut tourner la page. Car une autre bataille se profile. Nous avons basculé dans un nouveau monde, où les maîtres mots sont production, expansion et progrès et, bien entendu, nous ne sommes pas les seuls à vouloir notre part du gâteau. Cette nouvelle guerre a ses armées, ses champs de bataille, ses morts et ses estropiés. C'est à cette guerre moderne que je vous propose de participer."

Après une excellente entrée en matière aux côtés de soldats de la guerre d'Algérie, Emmanuel Grand ramène son récit en 2015. 

Les salauds devront payer. Mais qui sont les salauds ? Le patron de l'immense usine de métallurgie qui emploie plus de 1 000 ouvriers et délocalise avec la concurrent de la Chine et du Mexique ? Les syndicalistes qui font pression pour améliorer les conditions de travail et usent parfois pas de méthodes douteuses ?

(Metaleurop Nord, modèle possible pour l'usine Berga)

Bienvenue à Wollaing, petite ville imaginaire non loin de Valenciennes. On y lit La Voix du Nord, on se réconforte au bar le dimanche avec les mômes pour oublier le cumul de petits boulots et les prêteurs sur gage au cul, seul métier rentable. Dans ces descriptions, l'auteur réussit ses meilleurs passages. Quand il introduit une touche d'humour, avec Salhila la jeune flic chez le coiffeur, ou avec son collègue Vanderbeken dans une chambre d'hôtel en Belgique. Puis à mesure qu'avance l'enquête sur le meurtre d'une jeune toxico et d'un ancien syndicaliste, le roman rentre une mécanique très classique, tant dans l'histoire que les relations entre les personnages. Recherche de la vérité, entretiens avec les témoins et suspects et plongée dans les archives du journal mènent à une issue un peu précipitée, comme si l'auteur ne savait pas comment boucler cette intrigue. La solution repose en partie sur ce qu'il omet (sciemment) de dire d'un des personnages, et cette petite manipulation laisse un goût de déception. En se refaisant le film à l'envers, pour remettre l'histoire dans le bon ordre, le fond paraît quelque peu invraisemblable, et certains éléments, disons familiaux pour ne rien dévoiler, tirés par les cheveux. Cela tempère l'enthousiasme suscité par la lecture de la première moitié du roman.

Emmanuel Grand, Les salauds devront payer, Liana Levi, 2016, 384 p., 20 €

Caroline de Benedetti

Un abonnement, des cadeaux, c'est Noël !

vendredi 18 décembre 2015


Attention, il feule, il griffe, il vole, il fait patte de velours et il a des poils !

Le dernier Indic de l'année 2015 se met aux couleurs des animaux dans le polar. Vous découvrirez notre sélection, de Harry Crews à Jean-François Vilar en passant par les interviews de Craig Johnson et Paola Barbato.

Côté photo, la série "Des Pieds et des Mains" réalisée avec Les Pictos continue et vous offre un gros plan sur les membres d'Olivier Truc. Grâce à l'autorisation de l'agent américain de Jack Vettriano vous pourrez aussi vous en mettre plein les yeux avec deux reproductions de toiles du peintre. Chroniques, cinéma, romans, actualités, séries, jeunesse, musique... Tout le reste est à découvrir dans ces 48 pages !

Et comme Noël approche et qu'il est bon de se réconforter, nous avons préparé quelques cadeaux pour nos lecteurs qui s'abonneront ou se ré-abonneront. Cette fois-ci, place à la jeunesse !

5 exemplaires de Blue Watch de John Harvey offerts en partenariat avec Syros





5 exemplaires de Victor tombe-dedans de Benoît Minville
offerts en partenariat avec Sarbacane (offre épuisée)


5 exemplaires des Lutins Urbains de Renaud Marhic
offerts grâce aux Editions P'tit Louis (offre épuisée)


Pour vous abonner, il suffit de retourner un chèque de 28 euros (4 numéros par an)
à l'ordre de Fondu Au Noir, 2 rue Marcel Sembat - 44100 NANTES.

Dr Hannibal (Petit Polar n°432)

jeudi 17 décembre 2015


Merci à Hoel qui nous a envoyé ce Petit Polar de Don Choa pas piqué des vers. Vous prendrez bien 4 minutes avec le Docteur Hannibal...


Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°431 du côté de chez K-Libre.

Monarques, Sébastien Rutés et Juan Hernandez Luna

mercredi 16 décembre 2015


Les papillons monarques offrent leur nom au titre de ce roman, et d'autres analogies : la migration d'un territoire à un autre, la mémoire, le cocon, la transmission, le mouvement. Le roman entier est constitué de fils entrelacés, comme les personnages qui le parcourent, d'époques en continents.

Et puis il y a l'imagination de Sébastien Rutés allié à Juan Hernandez Luna. Leur complicité fait écho à celle des deux narrateurs accompagnés d'une superbe galerie de personnages pas si secondaires que ça. Ils font flotter un parfum d'aventure et de merveilleux sur cette histoire d'amour et d'amitié. Il fallait bien ça pour faire se côtoyer la guerre, le catch, Leni Riefenstahl, Blanche-Neige et Shrek. 

Invitation au voyage dans la folie des hommes et ce qu'elle peut produire de grand, Monarques possède la force des romans où la qualité de l'écriture et l'originalité de la construction sont appuyés par l'émotion. Chacun y trouvera un écho personnel, une référence, par exemple à l'univers d'Osvaldo Soriano, même si la référence revendiquée du récit se situe plutôt du côté de Cortazar. 

Sébastien Rutés et Juan Herbandez Luna, Monarques, Albin Michel, 348 p., 21,50 €, 2015

Quai des Orfèves (Henri-Georges Clouzot, 1947)

mardi 15 décembre 2015


Avec ce troisième film tiré d'un Roman de S.A. Steeman Henri-Georges Clouzot balaie le large spectre du polar ; le film est à la fois une enquête, un suspens et une exploration de la société et de la façon dont les hommes et les femmes y vivent. Servi par une brochette d'acteurs de haut vol, des décors impeccables et une mise en scène parfaite Quai des Orfèvres est un film indispensable à tout amateur de polar.

Que veux-tu, il a été mal élevé. Lui c'est un fils de bourgeois, il voit le mal partout.

Si la jalousie est un des moteurs du film, une question surtout se dégage de l'histoire : quelle place réserve la société aux femmes, et quelles possibilités a une femme pour s'en sortir si elle n'endosse pas le rôle de mère au foyer ? Naked Kiss de Samuel Fuller posera la même question 17 ans plus tard. Les rôles homme / femme sont souvent une des thématiques que l'on peut dégager des films policiers (dans le film noir notamment, voir La Griffe du passé de Jacques Tourneur). 

On a pas beaucoup d'instruction au départ mais on navigue dans toutes les eaux. On se frotte à des tas de gens. J'ai appris la gravure avec un faussaire, la comptabilité avec un escroc, y avait même un danseur mondain qui a voulu me donner des leçons de Tango, mais là, rien à faire, j'avais pas de dispositions.

Quai des Orfèvres possède de nombreuses scènes et des personnages récurrents du genre : le flic désabusé qui peut aller partout pour enquêter et qui se frotte à l'ensemble de la société ; le bon bourgeois qui est bien inséré et qui ne devrait pas avoir de problèmes et qui, quand il en a, s'effondre dans l'alcool ; la femme attirante avec cette scène où Dora fume sur son lit ; la femme qui en a bavé - je ne veux pas qu'ils te mettent en prison. Ils vous coupent les cheveux et il fait froid - mais qui le laisse à peine transparaître et tente de s'en sortir ou se résigne.

Je vous fait bien des excuses madame, mais on n'est pas les plus forts.

Le film est aussi un drame. Beaucoup de films policiers sont des drames, celui de la lutte des classes et de la condition féminine, celui de l'amour, et de l'amour il y en a partout dans Quai des Orfèvres, même si ces amours sont souvent déçues : Vous êtes un type dans mon genre, avec les femmes vous n'aurez jamais de chance dira l'inspecteur Antoine à Dora.

Emeric Cloche.

L'Indic en librairie

vendredi 11 décembre 2015


Merci aux libraires qui soutiennent le magazine et le défendent dans leurs rayons.
En ce mois de février 2016, par le hasard et le plaisir d'une rencontre lors du festival Bloody Fleury, L'Indic est en rayon dans la librairie Eureka Street de Caen. Merci à Pierre et Bénédicte !

Vous le trouverez dans les lieux suivants :

NANTES Vent d'Ouest, l'Atalante, Durance, Coiffard, Nuits blanches, Fnac, Les Bien-Aimés, La vie devant soi

ANGERS Librairie Contact, 3 rue Lenepveu

BORDEAUX Librairie Mollat, 15 rue Vital-Carles

CAEN Librairie Eureka Street, 19 place de la République

LILLE Librairie Humeurs Noires, 6 rue Mourmant

LIMOGES Librairie Page et Plume, 2-4 place de la Motte

PARIS Librairie Charybde, 129 rue de Charenton

ST MAUR DES FOSSES Librairie La Griffe Noire, 2 rue de la Varenne

TOULOUSE Librairie Privat, 14 rue des Arts


Jailbreak (Petit Polar n°430)

jeudi 10 décembre 2015



La chanson de Thin Lizzy Jailbreak a été reprise par de nombreux groupes (Blue öyster Cult, Bon Jovi, Six Feet Under, Gary Moore, Dropkick Murphys...). Le 9 Mars 2013 Anthrax propose sa version sur l'album Anthems qui regroupe des reprises de rocks des années 70 qui ont influencé le groupe.



Oxford Town (Petit Polar n°428)

jeudi 3 décembre 2015



En 1972 Richie Heaven reprend le titre Oxford Town de Bob Dylan. Une folk song qui parle des émeutes dans la ville d'Oxford (Mississippi) où des étudiants blancs voulaient empêcher un étudiant noir de s'inscrire à l'université. Deux personnes sont mortes et la chanson, en plus de dire qu'il vaut mieux ne pas s'arrêter à Oxford où "les gens marchent la tête baissée et où le soleil ne brille plus sur le sol", demande à ce que l'on ouvre une enquête sur ces morts.



Et n'oubliez pas votre Petit Polar n°428 du côté de chez K-libre.

L'assassin habite au 21 (Henri-Georges Clouzot, 1942)

mercredi 2 décembre 2015


Un tueur en série qui signe Monsieur Durand sévit dans un quartier de Paris. Voilà une affaire pour Wens (Pierre Fresnay) et sa compagne Mila (Suzy Delair)...

Drôle, légèrement érotique et saupoudré de dialogues savoureux et allusifs, l'adaptation du roman de Stanislas-André Steeman au cinéma par Henri Georges Clouzot est une réussite ; d'autant plus qu'il s'agit du premier long métrage du réalisateur (qui a déjà travaillé sur de nombreux films en tant que dialoguiste avec des adaptations de Simenon et de Steeman).

Tiré d'un roman d'enquête, L'Assassin habite au 21 ouvre bien la voie à un autre opus criminel, social et tout aussi indispensable : Le Corbeau, que l'on peut regarder dans la foulée en gardant en mémoire le fait que ces deux films ont été réalisés pendant l'occupation allemande. Le côté sombre (et légèrement érotique) étalé dans la scène d'ouverture plane en filigrane sur tout le film, parfois brouillé par quelques scènes étranges. La scène qui vient après l'ouverture voit la hiérarchie remettre - de chef en petits chefs - ses responsabilités dans les mains du subalterne et illustre bien la maxime "la hiérarchie, c'est comme les étagères, plus c'est haut, moins ça sert". Le côté comédie est tout de suite palpable, On notera aussi une utilisation de la caméra subjective pour des scènes de meurtres, qui ne sera pas sans rappeler Le Voyeur de Michael Powell, tourné une vingtaine d'années plus tard. 

Emeric Cloche


 
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